EN CAS DE COUP D’ETAT AU BENIN : Patrice Talon pourra-t-il tenir ?

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Les ennemis de Patrice Talon sont nombreux. Après qu’il s’en soit constitué des millions parmi les Béninois, suite à sa décision de poursuivre un second mandat, alors qu’il prétendait ne vouloir en faire qu’un lorsqu’il envisageait de succéder à Yayi Boni, l’homme d’affaires milliardaire a subitement changé de version. Ensuite, il s’est transformé en geôlier de la Françafrique en manifestant, sans hésitation, sa disposition à aller en guerre contre le Niger voisin. Ce qui lui valut de se faire des millions de nouveaux ennemis en un temps record dans les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Mali et le Burkina Faso étant solidaires du Niger.

Depuis qu’il lorgne sur un troisième mandat présidentiel anticonstitutionnel, le dirigeant béninois craint les avis divergents. Même dans son propre camp, l’idée qu’il puisse briguer une nouvelle fois la magistrature suprême ne passe pas. Mais, ayant constaté la vitesse à laquelle leur patron est en train de se radicaliser, ses plus proches collaborateurs n’osent plus le contredire devant lui, et préfèrent s’organiser en secret pour l’éjecter de force du palais de La Marina. D’où le kidnapping de Steve Amoussou au Togo, savamment, orchestré en août dernier, et qui est forcément lié aux événements qui secouent actuellement le Bénin (Macky Sall, partisan du troisième mandat, reçoit Patrice Talon à Dakar lui aussi partisan non encore affiché du troisième mandat)

Considéré par beaucoup comme étant le très populaire “Frère Hounvi”, Steve Amoussou était devenu une véritable nuisance pour Patrice Talon à cause des secrets qu’il révélait sur sa plateforme en ligne, et que seules des personnes ayant accès à la présidence béninoise connaissaient. Mettre la main sur lui était donc un impératif, sachant que cela permettrait parallèlement de débusquer les taupes du régime. La tentative déjouée de coup d’état annoncé par le procureur de la République, Mario Metonou, va dans ce sens, compte tenu de l’implication présumée d’Olivier Boko et de Djimon Dieudonné Tévoédjrè dans l’opération.

Ces derniers sont deux proches collaborateurs du président béninois, le premier étant un homme d’affaires, et le deuxième le commandant de la Garde Républicaine. Le troisième suspect est l’ancien ministre des Sports, Oswald Homeky. Patrice Talon a peut-être réussi à écarter trois de ses ennemis cachés, mais, il doit bien sentir que son mandat ne tient qu’à un fil. S’il est sage et veut calmer les tensions qu’il a lui-même instaurées dans son pays, il ferait bien de renoncer à ce troisième mandat dont tout le monde est au courant au Bénin et rejette. Car ce n’est qu’ainsi qu’il pourra espérer mener une fin de second mandat sans avoir à se soucier du lendemain.

 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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