Lors de leur Sommet à Samoa, les dirigeants des pays membres du Commonwealth, ont déclaré qu’il est temps de discuter avec la Grande-Bretagne d’engagement pour des réparations liées à son rôle dans la traite transatlantique des esclaves. Afrique Education salue le courage des membres du Commonwealth et souhaite qu’il en soit de même pour ceux de la Francophonie. Un Sommet du même genre venait de se tenir, en France, début octobre, où les dirigeants francophones des pays anciennement esclavagisés, n’ont nullement osé faire la même revendication. On espère que la revendication légitime du Commonwealth leur donnera les couilles pour demander la même chose leurs leurs propres peuples. Dans tous les cas, nous pensons à Afrique Education que le sujet quitte le débat d’ordre théorique, scientifique et analytique, c’est-à-dire, purement universitaire, pour aller dans celui des politiques qui sont des décideurs. C’est une avancée incontestée.
L’esclavage et la menace du changement climatique ont été les thèmes majeurs pour les représentants des 56 pays du groupe, la plupart ayant des racines dans l’empire britannique, lors de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, qui vient de se tenir dans la nation insulaire du Pacifique.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, dont le pays rejette depuis longtemps les appels à une compensation financière pour les nations touchées par l’esclavage, a déclaré que les discussions du Sommet n’étaient pas « une question d’argent ».

Concernant l’esclavage, « Les chefs d’Etat et de gouvernement, prenant acte des appels à des discussions sur la justice réparatrice en ce qui concerne la traite transatlantique des Africains réduits en esclavage et l’asservissement des biens meubles, sont convenus que le moment était venu d’entamer une conversation sérieuse, sincère et respectueuse en vue de forger un avenir commun fondé sur l’équité ».
Le texte précise que les chefs de gouvernement joueront « Un rôle actif dans la mise en place de ces conversations inclusives sur ces préjudices » et qu’ils sont convenus « d’accorder la priorité et de faciliter la poursuite et l’approfondissement des recherches sur la traite transatlantique des Africains réduits en esclavage et l’esclavage des biens meubles, afin d’encourager et de soutenir les conversations et d’éclairer la voie à suivre ».
Les fonctionnaires britanniques ont réussi à bloquer un projet de déclaration entièrement distincte sur le sujet. En effet, le Royaume-Uni ne voulait pas que la justice réparatrice soit mentionnée dans le communiqué, mais, il doit pour l’instant accepter que celui-ci contienne trois paragraphes complets exposant la position détaillée du Commonwealth.

Les pressions exercées sur les anciennes puissances coloniales, comme la Grande-Bretagne, pour qu’elles paient des réparations ou effectuent d’autres réparations pour l’esclavage et ses séquelles ont pris de l’ampleur dans le monde entier, en particulier, au sein de la Communauté des Caraïbes et de l’Union africaine.
La déclaration fait, également, référence au « blackbirding », un terme utilisé pour désigner des personnes originaires de pays tels que les îles du Pacifique, qui sont trompées, contraintes ou kidnappées pour travailler dans des plantations en Australie et ailleurs.
Les opposants aux réparations affirment que les pays ne devraient pas être tenus responsables des torts historiques, tandis que ceux qui les soutiennent affirment que l’héritage de l’esclavage a conduit à des inégalités raciales vastes et persistantes. La Déclaration commune ne précise pas quelle forme devraient prendre les réparations.
Keir Starmer a déclaré lors d’une conférence de presse que la déclaration commune faisait deux choses : « Elle prend note des appels à la discussion et elle convient que le moment est venu d’avoir une conversation. Mais je dois être très clair ici : au cours des deux jours que nous avons passés ici, aucune des discussions n’a porté sur l’argent. Notre position est très, très claire à ce sujet », a-t-il déclaré.
Keir Starmer dont le pays fut coupable des pires violations, comme en témoignent les livres d’histoire, n’empêchera pas l’histoire d’avancer ni la demande des réparations de se faire avec beaucoup plus d’acuité. Le train est lancé.
Le professeur, Kingsley Abbott, directeur de l’Institut d’études du Commonwealth à l’Université de Londres, a déclaré que cette Déclaration était le signe d’une avancée potentiellement historique sur la question. « L’engagement en faveur des discussions sur la justice réparatrice ouvre la porte au dialogue, et maintenant le travail difficile commence vraiment », a déclaré Kingsley Abbott, qui a assisté au Sommet.
A Afrique Education, nous pensons qu’après plusieurs débats et publications d’ordre scientifique sur ce sujet qui est, déjà, fort documenté, la balle est, maintenant, dans le camp des politiques, c’est-à-dire, des décideurs. Avec la pression de tous, on avancera, désormais, très vite.
A l’approche du Sommet, les dirigeants du Commonwealth avaient multiplié les appels pour que le Royaume-Uni présente ses excuses et verse des réparations d’une valeur de plusieurs milliards de livres sterling pour le rôle historique joué par le pays dans la traite des esclaves.
Un rapport publié l’année dernière par l’Université des Indes occidentales – soutenu par Patrick Robinson, un juge qui siège à la Cour internationale de justice – a conclu que le Royaume-Uni devait plus de 18 milliards de livres sterling (soit 21,6 milliards d’euros ou 14.175.786.600.000 de F CFA) en réparations pour son rôle dans l’esclavage dans 14 pays des Caraïbes.

Selon le site web du gouvernement des Bahamas, Philip Davis a déclaré : « La demande de réparations n’est pas simplement une question de compensation financière. Il s’agit de reconnaître l’impact durable de siècles d’exploitation et de veiller à ce que l’héritage de l’esclavage soit traité avec honnêteté et intégrité. En tant que nations des Caraïbes, nous sommes unis dans notre demande de justice pour les générations qui nous ont précédés et pour ceux d’entre nous qui vivent encore avec cette histoire brutale », a conclu le premier ministre et ministre des Finances des Bahamas.
La Déclaration commune fait, également, référence à l’inquiétude suscitée par « les graves conséquences de la crise climatique, notamment, la hausse des températures et du niveau de la mer ». Plus de la moitié des membres du Commonwealth sont de petites nations, dont beaucoup sont des îles de basse altitude menacées par la montée du niveau de la mer causée par le changement climatique.