ESCROQUERIE EN FRANCAFRIQUE : L’enquête sur la vente d’uranium nigérien par Areva en 2011 confiée à un juge d’instruction

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L’affaire, baptisée « Uraniumgate », avait éclaté en février 2017, avec la publication, dans l’hebdomadaire nigérien, Le Courrier, de documents portant sur la vente à l’automne 2011 d’une importante quantité d’uranium pour 320 millions de dollars. Le Parquet national financier (PNF), en France, a ouvert une information judiciaire, notamment, pour « corruption » visant Areva, devenu Orano, dans une affaire de courtage d’uranium nigérien en 2011, qui s’était traduite par d’importantes pertes pour le groupe nucléaire, a-t-il indiqué ce mercredi, 25 novembre. Il s’agit d’une affaire typique de la Françafrique telle que les pays africains francophones en vivent, régulièrement, et qui, pour la majorité, ne finissent, malheureusement, pas au tribunal comme Uraniumgate. Conséquence, les Africains ont tort de demander (humblement), (respectueusement), aux autorités françaises de mettre fin à la Françafrique. Elles ne mettront jamais fin à la Françafrique. Car c’est comme si on vous demandait d’arrêter de manger (avec appétit) dans une affaire où il n’y a que des avantages pour vous, sous prétexte que vous piétinez les principes moraux et de justice. Les Nigériens savent ce qu’il leur reste à faire : nationaliser leur uranium et signer de vrais contrats gagnant-gagnant, avantageux pour leur peuple qui croupit dans une misère sans nom. Le Niger est l’un des trois pays les plus pauvres du monde. Et le plus pauvre d’Afrique.

Après avoir mené son enquête préliminaire pendant presque cinq années, le PNF a confié la suite des investigations en février 2020 à un juge d’instruction pour « corruption d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment en bande organisée de ces délits », a détaillé le parquet, confirmant une information de l’hebdomadaire L’Obs.

« S’il s’avérait qu’il y a eu des détournements ou tout autre acte qui soit susceptible d’avoir porté préjudice au groupe, Orano intenterait les actions judiciaires nécessaires à la défense de ses intérêts », a indiqué un porte-parole du groupe nucléaire.

L’affaire, baptisée « Uraniumgate », avait éclaté en février 2017 avec la publication, dans l’hebdomadaire nigérien, Le Courrier, de documents portant sur la vente, à l’automne 2011, d’une importante quantité d’uranium pour 320 millions de dollars (sur notre photo, la patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, est reçue avec les honneurs dus à un chef d’Eat par le président nigérien, le général, Salou Djibo, à Niamey, le 30 septembre 2010).

Le stock avait dans un premier temps été cédé par Areva à une société russe, Energo Alyans, qui l’avait, ensuite, revendu à la société Optima Energy Offshore au Liban.

Quelques jours plus tard, Optima avait vendu l’uranium à la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin), contrôlée par l’Etat nigérien. Areva avait alors racheté ce stock à la Sopamin à un prix bien supérieur à celui auquel il l’avait cédé initialement.

Les policiers de la brigade financière, chargée des investigations après la révélation de transactions douteuses par l’hebdomadaire, Marianne, à l’été 2015, cherchaient à déterminer si le montage financier aurait pu permettre de dissimuler des commissions ou des rétrocommissions.

Entre 24 et 101 millions de dollars auraient été détournés des caisses du groupe Areva entre novembre 2011 et février 2012, selon L’Obs.

D’après l’hebdomadaire, l’information judiciaire a été confiée au même juge d’instruction que celui qui était en charge de l’enquête sur l’acquisition par Areva d’une société minière canadienne, Uramin, propriétaire de trois gisements d’uranium en Afrique, pour laquelle elle a déboursé 1,8 milliard d’euros en 2007.

L’opération avait tourné au fiasco : après le départ de sa patronne, Anne Lauvergeon, Areva avait divisé par cinq la valeur de la société et passé, fin 2011, une lourde provision de 1,5 milliard d’euros.

Deux informations judiciaires avaient été ouvertes : l’une porte sur des soupçons d’escroquerie et de corruption, la seconde sur les provisions inscrites en 2010 et 2011 par Areva, les magistrats soupçonnant d’anciens responsables de les avoir sous-évaluées dans les comptes pour masquer l’effondrement de la valeur d’Uramin.

Sur notre photo, le président sud-africain Thabo Mbeki se rend compte que le scandale Uramin rebondit dans son pays. A ses côtés, la patronne d’Areva Anne Lauvergeon.

Plusieurs anciens dirigeants du groupe sont mis en examen dans ces enquêtes, dont l’ancien directeur de la division « mines » Sébastien de Montessus. Anne Lauvergeon, elle, est poursuivie dans le volet comptable.

Dans ce dernier dossier, la Cour d’appel de Paris doit se prononcer le 17 décembre sur la validité des mises en examen, qui ont été l’objet d’un bras de fer judiciaire à partir de 2017 entre les premiers juges d’instruction qui refusaient de les prononcer et le PNF qui les réclamait.

Terminons par cette histoire authentique : il y a quelques années, dans le cadre de la recherche des partenariats, Areva avait envoyé une mission en Chine en indiquant aux partenaires chinois que le groupe avait de l’unanium et donc il était intéressé par un partenariat gagnant-gagnant avec la Chine. A la question de savoir si le sous-sol français contenait, déjà, de l’uranium, les envoyés spéciaux d’Areva indiquèrent que leur groupe possédait des mines d’uranium au Niger et en Centrafrique. Ce à quoi les Chinois, intérieurement, fachés mais sans le laisser transparaître, indiquèrent qu’ils répondront plus tard à l’offre d’Areva. Entretemps, les Chinois se sont rapprochés des dirigeants des deux pays africains pour leur raconter la mission d’Areva en Chine et la fin de non recevoir de leur offre qui devait leur être signifiée incessamment. En somme, la Chine n’a pas apprécié qu’Areva se comporte en Chine comme si les mines d’uranium du Niger et du Centrafrique lui appartenait, et ce détriment des intérêts de ces deux pays.

Le dossier Areva actuellement au PNF recouvre donc beaucoup de zones d’ombre. Au détriment des intérêts du Niger.

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