Le président du Bénin, Yayi Boni, s’est entretenu, à l’Elysée, mardi, 18 août, matin, avec le président français, François Hollande. Cette visite impromptue survient trois jours, après les festivités marquant le 55e anniversaire de l’indépendance du Congo, à Ouesso, auxquelles le président du Bénin, avait pris part, à l’invitation de son homologue, Denis Sassou Nguesso. Sept jours, auparavant, il avait effectué un voyage, de quelques heures, à Brazzaville, pour s’entretenir avec le président, Denis Sassou Nguesso, la veille de l’important discours à la nation qu’il devait prononcer, le 12 août, devant les deux chambres du parlement réunis. Quelques semaines après la tenue du dialogue, à Sibiti, entre les partis proches du pouvoir, et du dialogue alternatif, organisé par l’opposition, à Diata (Brazzaville), le président du Congo était, sans aucun doute, tenté, d’annoncer la tenue du référendum, dans son discours. Au lieu de contenter ses partisans, il axa son discours sur son bilan de 17 ans, à la tête de l’Etat. La visite du président, Yayi Boni, le 11 août, a-t-elle permis de décaler le calendrier du pouvoir ?
Le peuple congolais devrait beaucoup remercier le président du Bénin, parce qu’il joue un rôle sans précédent, dans la stabilité du Congo actuel. Il se dépense sans compter comme il le faisait pendant sa présidence en exercice de l’Union africaine. Il ne ménageait aucun effort pour éteindre, partout, où s’annonçaient les foyers de tension. Ses multiples va et vient entre Brazzaville et Cotonou, s’expliquent, certes, par la volonté d’harmoniser les points de vue de l’Afrique, avant la COP21 qui se tiendra, à Paris, en décembre. Pour ceux qui ne le savent pas encore, le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, sera le porte-parole du continent lors de ce grand rendez-vous. Et comme dit l’autre, un tel rôle ne s’improvise pas. Il se prépare, se construit, patiemment, avec tact et méthode.
Mais nul doute que le président béninois ne parle pas uniquement du Climat avec son grand-frère Sassou. Homme politique très raisonnable qui a refusé de modifier la constitution béninoise pour briguer un troisième mandat, il a choisi de quitter le pouvoir, au terme de son deuxième et dernier mandat, en 2016, pour porter la bonne parle. Il en avait parlé, à l’époque, au pape Benoît XVI, lors d’une audience, au Saint-Siège. Question de l’informer que, comme ce dernier, le futur ex-président du Bénin pourra, le moment venu, se consacrer, entièrement, à son métier de pasteur qu’il est dans le civil.
Toutes choses égales par ailleurs, Boni Yayi a, par conséquent, qualité pour raisonner son aîné d’Oyo qui pense, à tort, qu’il n’existerait plus de vie, pour lui, s’il n’était plus président de la République du Congo. Si c’est évidemment archi-faux, cela dépend, sur tout, de la façon dont il en partira. Et c’est l’objet, croit-on savoir, des multiples (brefs) séjours de quelques heures, à chaque fois, de Boni Yayi, au Congo-Brazzaville. Beaucoup de monde est prêt à accompagner le président, Denis Sassou Nguesso, vers une retraite paisible. Votre bimensuel préféré s’est toujours inscrit dans cette démarche. Afrique Education pense qu’on ne peut vouloir le beurre et l’argent du beurre, en d’autres termes, c’est maladroit de demander le départ de Sassou, et lui promettre, en même temps, la Cour pénale internationale. Tout peut (doit) se négocier en bonne intelligence sans que qui que ce soit n’ait le pistolet sous la tempe.
Mardi, 9 juin, Yayi Boni a rencontré François Hollande, à l’Elysée. Le 29 juin, il effectuait un séjour flash de quelques heures, à Brazzaville, pour s’entretenir avec son aîné. Deux jours, plus tard, il accueillait François Hollande, à Cotonou, où il avait prononcé un discours plein de franchise, de sincérité et d’optimisme : « J’ai voulu venir ici car vous êtes une référence sur le plan démocratique. Vous savez combien je suis attaché, ici comme ailleurs, à ce que soient respectés les textes constitutionnels, les échéances électorales, les rythmes de la démocratie. Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner. Trois alternances démocratiques en vingt-cinq ans, des échéances toujours respectées, des élections régulières : autant de preuves que le Bénin a réussi à donner à ses institutions une pleine traduction démocratique. La stabilité des institutions, c’est la stabilité du pays ». Fin de la citation de François Hollande, jeudi 2 juillet, matin, à Cotonou. Une heure plus tard, il embarquait pour Luanda, en Angola. Il ne faut pas être Madame Soleil pour imaginer le rôle que joue, ces derniers temps, Yayi Boni entre Denis Sassou Nguesso et François Hollande. COP 21 fait partie des discussions mais l’essentiel des négociations porterait sur le départ de Denis Sassou Nguesso en 2016. Une hypothèse qui fait, déjà, perdre le sommeil à plus d’un, non seulement, à Oyo et Edou, fiefs présidentiels, mais, aussi, à Brazzaville. Mais rien n’est éternel. La vie est ainsi faite.
Chaque chose a une fin.
Le président du Congo dit être attaché à la paix. Personne n’en doute. A lui de le montrer, en sachant quitter le pouvoir, en 2016, dans la paix, sans créer le désordre avant, pendant, ou après son départ, comme le fera, son jeune frère, bien aimé, Yayi Boni, après, seulement, dix années de bons et de loyaux services à la tête du Bénin.
Paul Tédga