Depuis le début de la pandémie, l’histoire de la quête d’un vaccin contre le virus VIH reste celle de la poursuite d’un Graal inaccessible. Plus de trente ans d’efforts, jusque-là, en vain.
Mais, pour la première fois, peut-être, depuis l’identification du virus en 1983, les scientifiques pensent avoir trouvé un candidat prometteur (notre photo montrant le professeur gabonais Donatien Mavoungou qui présentait son vaccin contre le sida à Libreville en 2013).
Baptisée HVTN 702, l’étude, qui débute ce mercredi, 30 novembre, va impliquer, pendant quatre ans, plus de 5.400 volontaires, hommes et femmes, sexuellement, actifs âgés de 18 à 35 ans, dans quinze sites répartis sur tout le territoire sud-africain.
Cet essai clinique, un des plus importants, jamais, entrepris, a ravivé les espoirs de la communauté scientifique.
« S’il est utilisé en même temps que les outils de prévention à l’efficacité prouvée que nous utilisons déjà, un vaccin sûr et efficace pourrait constituer le coup de grâce contre le VIH », a estimé Anthony Fauci, le directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).
« Même un vaccin modérément efficace réduirait significativement le fardeau de la maladie dans des pays et des populations très infectés », a ajouté le patron du NIAID, qui participe à l’étude.
Le choix de l’Afrique du Sud pour tester ce vaccin à grande échelle n’est pas anodin. Ce pays d’Afrique australe enregistre un des taux de prévalence les plus élevés au monde (19,2% selon Onusida). Plus de 7 millions de personnes y vivent avec le VIH.
Dans le monde, deux millions et demi de personnes sont infectées, chaque année, par le virus, qui a fait plus de 30 millions de morts, depuis les années 1980, selon une étude publiée lors de la conférence internationale de Durban (Est de l’Afrique du Sud), en juillet.
Le vaccin « sud-africain », spécialement, adapté aux populations locales, est une version « musclée » d’une souche testée, en 2009, en Thaïlande, sur plus de 16.000 volontaires.
Elle avait permis de réduire de 31,2% les risques de contamination, trois ans et demi, après la première vaccination.
La sécurité du vaccin « sud-africain » a, déjà, été testée avec succès, pendant dix-huit mois, sur 252 volontaires. La nouvelle étude vise, désormais, à tester son efficacité.
« Les résultats obtenus en Thaïlande ne sont pas suffisants pour un lancement (…). Nous avons fixé le seuil minimal d’efficacité à 50% », a expliqué le Dr Lynn Morris, de l’Institut national sud-africain des maladies transmissibles (NICD).
« Nous avons l’espoir que l’efficacité soit encore bien plus forte », s’est enthousiasmé, récemment, devant les députés, le vice-président sud-africain, Cyril Ramaphosa.
Malgré les espoirs suscités par ce vaccin, les spécialistes insistent sur la nécessité de ne pas baisser la garde face à la maladie.
« Un vaccin efficace changerait la donne, mais ces essais vont prendre des années », a insisté le Dr Morris. « Nous devons continuer à utiliser les autres moyens de prévention pour réduire les nouvelles contaminations ».
Les traitements antirétroviraux (ARV) restent, aujourd’hui, de loin, les plus efficaces contre la maladie.
Selon l’Onusida, la moitié des quelque 36 millions de personnes infectées par le virus, qui vivent dans le monde y ont accès. Un chiffre qui a doublé en cinq ans.
Grâce à ces traitements, qui permettent de contrôler l’évolution du virus et d’augmenter l’espérance de vie des séropositifs, l’espérance de vie des Sud-Africains a bondi de 57,1 à 62,9 ans, en moyenne, depuis 2009, selon les autorités locales.
Les essais du nouveau vaccin sont conduits par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH), le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), la Fondation Bill et Melinda Gates, les laboratoires Sanofi Pasteur, GlaxoSmithKline et le Réseau d’essais des vaccins contre le VIH (HVTN).
Avec AFP