Bien fait pour le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui n’a qu’à continuer à considérer l’Afrique comme une terre conquise, où il ne faut aucun effort diplomatique pour l’avoir dans sa poche. Il le sait désormais à ses dépens depuis la crise Russie-Ukraine où malgré les menaces de Washington, rien n’y fait : l’Afrique, dans sa grande majorité, soutient la Russie. Au grand étonnement de Oncle Sam.
Antony Blinken est arrivé, dimanche, 7 août, en Afrique du Sud, première étape d’une tournée africaine destinée à contrecarrer l’influence diplomatique russe grandissante, qui l’emmènera, également, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda (sur notre photo Antony Blinken rend visite à Muhammadu Buhari en novembre dernier).
Cette visite intervient peu après la tournée africaine du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui s’est rendu en juillet au Congo-Brazzaville, en Egypte, en Ethiopie et en Ouganda. Au même moment, le président français, Emmanuel Macron, d’une maladresse verbale qui le caractérise, s’est rendu au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau, pour dénoncer la présence russe en Afrique, la Russie étant selon le président français, le pays agresseur par excellence d’un pays souverain : l’Ukraine. Mais, par politesse, personne n’a fait remarquer à Macron qu’il reproche à la Russie ce que la France est accusée de faire en Afrique : son dernier forfait qui a déstabilisé tout le Sahel, c’est l’assassinat du leader libyen, Mu’ammar Kadhafi. Dix ans après, la Libye ne s’en remet toujours pas, et les pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso sont à jamais déstabilisés par le djihadisme provoqué par la destruction de la Libye.
Pretoria est un partenaire de Moscou, notamment, au sein des BRICS composés du Brésil, de l’Inde, de la Russie et de la Chine. Objectif de ce groupement qui est appelé à s’élargir avec d’autres pays africains comme l’Algérie : contourner le système financier actuel érigé par les Occidentaux et qui compte le FMI, la Banque mondiale, la SFI, avec comme monnaie de paiement, le dollar américain. Les BRICS entendent trouver une autre formule pour leurs transactions.
En juin, le président russe, Vladimir Poutine, avait exhorté les BRICS à coopérer face aux « actions égoïstes » des pays occidentaux, sur fond de sanctions sans précédent contre Moscou en raison du conflit ukrainien. Le fait de payer et d’acheter en direct sans utiliser le fameux SWIFT ni le dollar américain, a permis à la Russie d’échapper à l’écroulement de son économie comme le prévoyaient les Occidentaux, et à mettre à mal, toutes les économies occidentales, sans exception, dont deux de ses principaux chefs de gouvernement viennent de tomber : le Britannique, Boris Johnson et l’Italien, Mario Draghi.
Lundi, 8 août, Antony Blinken doit s’entretenir avec la cheffe de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, et faire des annonces concernant la nouvelle stratégie africaine du gouvernement américain, a indiqué Pretoria dans un communiqué. Les discussions « aborderont les développements récents et en cours concernant la situation géopolitique mondiale », a ajouté Pretoria. On verra bien… Blinken doit juste savoir que les Africains n’acceptent plus n’importe quoi.