Des centaines de journalistes et employés des radios d’Etat ont reçu, ce week-end, un courrier électronique les informant qu’ils seraient interdits d’accès à leurs bureaux. Des méthodes de la Stasi qu’on applique dans la plus grande démocratie occidentale.
L’administration Trump a mis en congé, samedi, 15 mars, le personnel des radios Voice of America (VOA), Radio Free Asia et d’autres médias financés par des fonds américains, s’attirant les foudres des défenseurs des libertés de la presse, qui les voient comme des contrepoids démocratiques dans le monde.
Des centaines de journalistes et d’autres employés de VOA, la «voix de l’Amérique», Radio Free Asia, Radio Free Europe et d’autres organismes ont reçu ce week-end un courrier électronique les informant qu’ils seraient interdits d’accès à leurs bureaux. Ils sont aussi sommés de rendre leurs cartes de presse, leurs téléphones professionnels et d’autres équipements. C’est comme si le monde s’écroulait sous leurs pieds (sur notre photo, le président Donald Trump et Elon Musk chargé de faire les coupes dans certaines administration budgétivores).
L’annonce, sévèrement, critiquée par les organisations de défense de la liberté de la presse, survient au lendemain d’un décret du président républicain Donald Trump qui range l’agence gouvernementale chapeautant ces médias (USAGM) parmi les «éléments inutiles de la bureaucratie fédérale».
Dans la foulée, Kari Lake, une fervente soutien de Donald Trump, qui l’a nommée à un poste de conseillère à l’USAGM après sa défaite aux sénatoriales dans l’Arizona, a écrit dans un courrier électronique que les subventions fédérales à ces médias «ne font plus partie des priorités» de l’agence.
Les médias comme Voice of America ou Radio Free Asia sont depuis longtemps considérés comme des «Voix de l’Amérique» dans des pays où l’accès à une information indépendante est jugée plus difficile, en Afrique, en Europe orientale, au Moyen Orient ou en Asie.
«Il est scandaleux que la Maison Blanche cherche à vider de sa substance une agence financée par le Congrès qui soutient un journalisme indépendant remettant en question la parole de régimes autoritaires dans le monde entier», a réagi un responsable du Comité de protection des journalistes (CPJ) Carlos Martinez de la Serna.
Pour Reporters sans frontières (RSF), cette décision «menace la liberté de la presse dans le monde et réduit à néant 80 ans d’histoire américaine en faveur de la libre circulation de l’information». Un «cadeau massif aux ennemis de l’Amérique», a, de son côté, regretté le président de Radio Free Europe/Radio Liberty, Stephen Capus, dans un communiqué.
«Les ayatollahs iraniens, les dirigeants communistes chinois et les autocrates de Moscou et de Minsk ne pourraient que se réjouir de la disparition de RFE/RL après 75 ans» d’existence, a déclaré ce dirigeant, Stephen Capus, dans un communiqué.

Radio Free Asia, créée en 1996, a, elle, pour mission de fournir des reportages non censurés dans des pays où les médias ne sont pas libres, notamment, la Chine, la Birmanie, la Corée du Nord et le Vietnam.
Donald Trump et son allié numéro un Elon Musk, qui dirige les entreprises Tesla, SpaceX, ou X, ont entrepris des coupes brutales dans toute la fonction publique américaine, visant de nombreux ministères comme l’Education, la Santé et des agences comme l’USAID qui chapeaute l’aide au développement. Le président des Etats-Unis exprime ouvertement et régulièrement son hostilité aux médias d’information, qu’il qualifie pour certains d’«ennemis du peuple».
Le démantèlement des médias publics opérant à l’étranger pourrait se heurter à des obstacles, car c’est le Congrès qui détient le pouvoir final, et certains organismes, comme Radio Free Asia, ont bénéficié d’un soutien des démocrates comme des républicains par le passé.