Les Etats-Unis sont accusés de double langage. Quand il s’agit des pays d’Asie, grands importateurs eux aussi de l’ivoire d’Afrique, ils accusent. Pourtant, ils se livrent, exactement, aux mêmes pratiques, avec un peu plus de finesse. Le président du Botswana s’insurge contre un tel comportement et les dénonce de manière frontale.
Le président du Botswana, Ian Khama, a accusé, vendredi, 16 mars, le gouvernement américain d’encourager le braconnage des éléphants à la suite de sa récente décision d’annuler l’interdiction d’importer des trophées de chasse sportive.
Ian Khama s’exprimait lors d’une conférence sur la conservation des éléphants d’Afrique au Botswana : « Je veux profiter de ce moment pour condamner dans les termes les plus fermes la décision prise par l’administration Trump qui a publié le 1er mars un mémorandum avec effet immédiat, selon lequel le gouvernement américain envisagerait de délivrer des permis pour certains trophées d’éléphants provenant de six pays africains », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « Je pense que cette administration sape nos efforts et encourage aussi le braconnage car elle sait que nos lois interdisent la chasse au Botswana « .
La décision du ministère américain de l’Intérieur autoriserait au cas par cas l’importation de défenses et de peaux d’éléphants tués au Botswana, en Namibie, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe. Donald Trump chercherait-il à trouver une petite fenêtre à son fils, grand amateur de chasse sous les tropiques ?
En 2012, une image de son fils, Donald Trump Junior, tenant un couteau et une queue d’éléphant à côté d’une carcasse de buffle lors d’un voyage de chasse au Zimbabwe, avait provoqué une réprobation internationale.
Une trentaine de pays africains ont, par ailleurs, appelé l’Union européenne (UE) à interdire le commerce de l’ivoire, au cours d’un Sommet au Botswana consacré à la protection des éléphants et à la lutte contre leur braconnage.
Les présidents du Botswana, Ian Khama, de l’Ouganda, Yoweri Museveni, et du Gabon, Ali Bongo Ondimba, ont signé avec 29 autres pays du continent une pétition appelant, une nouvelle fois, l’Europe « à fermer son marché de l’ivoire ».
L’UE, « le plus grand exportateur au monde d’ivoire légal », a exporté « 1.258 défenses en 2014 et 2015, soit, plus que lors des huit années précédentes », selon l’organisation Avaaz à l’origine de la pétition.
L’UE a, depuis, conseillé à ses pays membres de n’exporter que l’ivoire sculpté, plutôt que des défenses naturelles.
Mais, ce commerce légal pourrait alimenter la demande en ivoire et servir à masquer, ainsi, son commerce illégal, a mis en garde Avaaz.
« Au rythme actuel, les éléphants qui vivent à l’état sauvage pourraient disparaître dans quelques décennies », selon le communiqué.
« Des responsables européens nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas interdire l’ivoire parce qu’il n’y avait pas assez de responsables africains qui le souhaitaient », a déclaré Bert Wander, responsable des campagnes chez Avaaz.
« Le reste du monde tourne le dos au trafic d’ivoire. Pourquoi pas l’Europe ? ».
Le continent africain ne compte plus que 415.000 éléphants, soit 111.000 de moins que durant la dernière décennie, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Chaque année, 30.000 pachydermes sont tués.