Passé quasiment inaperçu, le 21ème Sommet de l’Association internationale de développement (IDA en anglais) s’est déroulé le 29 avril dernier à Nairobi. Pour ce rendez-vous qui rassemble les pays touchés par la pauvreté, une quinzaine de chefs d’Etat africains s’étaient déplacés, dont Evariste Ndayishimiye, Andry Rajoelina, Azali Assoumani, et Yoweri Museveni, pour ne citer que ceux-là. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce dernier s’est fait remarquer.
En effet, après l’insipide discours d’ouverture du président kényan et hôte du jour, William Ruto, portant sur l’interminable thématique relative à la nécessité pour les puissances occidentales d’investir davantage en Afrique en réponse au réchauffement climatique, et à la progression des défis socioéconomiques, Yoweri Museveni a déroulé sa version du développement à Ajay Banga, l’actuel patron de la BFinancements-IDA : Yoweri Museveni enseigne le développement au patron de la Banque mondiale dont l’IDA est l’un des sous-organes.
S’appuyant sur les efforts consentis par celui qui fut nommé à la tête de l’institution de Bretton Woods en début juin 2023, de lever des fonds pour la somme record de 120 milliards dollars octroyables aux économies en difficultés sous forme de financements durables, l’ex-guérillero a jugé cette approche inadéquate par rapport aux besoins en développement du continent. Comme pour dire que collecter des fonds est une chose, et savoir les utiliser en est une toute autre.
Le secteur privé africain est confronté à des coûts de production élevés, qui sont répercutés sur les prix de vente, et entraînent la cherté de la vie. Pour y remédier, il faudrait cibler des investissements susceptibles de faire baisser ces coûts. En illustration de son propos, le président ougandais a évoqué la construction de chemins de fer comme étant un moyen de réduire les coûts de transport, l’une des principales composantes des coûts de production d’une entreprise privée.
En indiquant à Ajay Banga que son organisation financière et lui ont fait fausse route dès le départ en ce qui concerne l’Afrique, Yoweri Museveni souhaite impulser une nouvelle dynamique idéologique auprès de ses pairs africains, ainsi que, des bailleurs de fonds internationaux, et mettre un terme à l’hypocrisie des pays donateurs, qui disent vouloir contribuer à l’essor de l’Afrique, mais ne le font ni comme ils le devraient, ni comme ils le pourraient.
L’aide internationale, qui représente le gros de leur soutien financier vers l’Afrique n’a jamais conduit à rien de tangible en matière de développement des pays en difficulté, si ce n’est de les maintenir dans un état de dépendance permanent vis-a-vis de l’extérieur. Après cette interpellation pleine de sens de l’ex-guérillero à l’encontre d’Ajay Banga, les Africains attendent une réorientation des financements vers des projets pouvant améliorer le quotidien des masses.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)