Après des décennies de résistance, le Fonds monétaire international (FMI) a fini par céder aux demandes de révision de sa politique de surcoût sur les emprunts accordés aux Etats membres en difficulté. L’institution de Bretton Woods soutenait, depuis tout ce temps, que ses règles étaient destinées à contraindre les emprunteurs à rapidement s’acquitter de leurs engagements, au risque de crouler sous une dette devenue incontrôlable.
Mais, cet argument ne tenait pas compte des situations extraordinaires telles que les crises mondiales causées par la pandémie du Covid-19, ni des guerres, comme celles actuellement en cours en Ukraine et au Proche-Orient, ayant le potentiel de faire vaciller toute l’économie internationale. La décision du FMI a été acclamée par des voix de la société civile, même si les appels à la réforme portait, plutôt, sur une suppression totale des surcoûts.
Les surcoûts sont appliqués en fonction de la durée de l’emprunt, ainsi que, de son volume. Ils ont la capacité d’alourdir le taux d’intérêt de base facturé par le FMI, lui-même, dépendant de ceux des banques centrales, de 3 points pour un pays donné. Ce qui peut correspondre à plusieurs milliards de dollars, en plus, à débourser, annuellement. Pour l’Argentine, par exemple, 4.9 milliards de dollars sont attendus entre 2024 et 2028. Pour l’Ukraine, il s’agit de 1.8 milliard.
D’après Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, la réduction de 36% permettra aux nations, déjà, asphyxiées par le poids de la dette, d’économiser près de 1.2 milliard de dollars chaque année. Ces dernières, qui étaient une vingtaine en ce début d’année, devraient voir leur nombre chuter à sept en 2026, avec l’entrée en vigueur, dès le 1er novembre prochain, du changement instauré par l’institution financière.
C’est donc Noël en avance pour plusieurs ministères des Finances africains, qui recevront un bol d’oxygène inattendu, parmi lesquels celui du Ghana, du Kenya, de l’Egypte, du Gabon, de la Tunisie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et de l’Angola. Toutefois, ce geste du FMI ne doit pas être perçu comme une opportunité de s’endetter davantage, mais, plutôt, comme un encouragement à poursuivre les efforts pour sortir de la spirale infernale de la dette en Afrique.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)