Un premier projet de résolution, présenté, mardi, 6 juin, proposait que cette force militaire puisse « utiliser tous les moyens nécessaires » pour « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ». Cependant, ce texte manquait de précision selon les Etats-Unis, estimant même qu’une simple déclaration du Conseil, plutôt qu’une résolution, pourrait être suffisante : « Nous trouvons le mandat de cette force beaucoup trop large, manquant de précision », a expliqué un responsable américain, craignant que cela ne « crée un dangereux précédent » en autorisant l’usage de la force pour une large palette d’activités. D’où l’abandon de cette version du texte.
Une nouvelle mouture a, alors, été dévoilée au Conseil de sécurité, vendredi, 9 juin. Cette version insiste sur l’action de cette force contre le terrorisme, en précisant que les groupes armés ciblés figurent sur la liste des groupes terroristes des Nations-Unies.
Mais, tout le monde l’aura compris : le vrai problème, c’est le nerf de la guerre, en d’autres termes, les financements. L’Union européenne a, certes, promis un financement de 50 millions d’euros, sur les 400 millions d’euros nécessaires, mais, sans l’apport des financements des Nations-Unies, la constitution de la force ne serait pas viable. Rappelons que cette force anti-djihadiste du G 5 va passer de 5.000 à 10.000 soldats venant du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie. Il faudra payer leurs salaires, leurs besoins d’équipement et, surtout, bien s’occuper de leur formation, afin qu’ils soient à même de tenir tête aux djihadistes pendant les combats. Sinon, les investissements mis en œuvre ne serviront à rien.
Les Etats-Unis et la Grande Bretagne exigent que les fonds des Nations-Unies ne financent pas le G 5 Sahel, mais, aillent là où on avait prévu de les allouer. Ce qui veut dire en d’autres termes qu’il appartient à la France de financer les forces anti-djihadistes du G 5 avec ses propres ressources, quitte à exiger un effort supplémentaire, non seulement, aux 5 pays directement concernés, mais aussi, à ses partenaires comme l’Allemagne et les institutions financières internationales.
En tournée, en Afrique, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est, toutefois, dit, ce jeudi, 15 juin, à Dakar, plutôt, confiant dans les chances de faire approuver par l’ONU la création d’une force conjointe anti-djihadiste par les pays du G 5 Sahel. Ce qui suppose que le président, Emmanuel Macron, aura vaincu les réticences de ses homologues, Donald Trump, et Theresa May, la première ministre de la Grande Bretagne, qui va, bientôt, commencer les difficiles négociations du Brexit.