La mauvaise image de la France en Afrique ne laisse plus indifférentes les autorités de Paris. En marge du Sommet France-Afrique de Montpellier, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a signé un contrat d’objectifs avec CFI, l’Agence française de développement des médias. Objectif non dissimulé qui tient Jean- Yves Le Drian à cœur : renforcer la lutte contre la « désinformation » en Afrique. Le chef de la diplomatie française a bien évidemment tout faux. Comme son patron à l’Elysée.
Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et Thierry Vallat, PDG de CFI, ont signé un contrat anti-désinformation (entre autres) sur trois ans (2021-2023), en présence de Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde, structure qui regroupe France 24 et Radio France Internationale.
Il s’agit d’articles, de sons et de visuels, distribués, gratuitement, il faut insister sur ce caractère gracieux de cette offre française, qui se fera clés en main pour les médias africains, notamment, pour servir la bonne cause française. A charge aux médias africains de les diffuser, sans limite, dans leurs espaces (presse écrite, internet, radios, télévision, etc.). Les médias africains ne seront pas obligés de diffuser tout ce qui leur sera envoyé, mais, ils pourront, systématiquement, le faire quand le contenu d’un article les intéressera. C’est à ce niveau que la correction de la « désinformation » se fera car les contenus envoyés seront conçus par CFI (toute seule) qui tiendra compte de sa seule politique éditoriale. Du moins, celle que lui assigne Jean-Yves Le Drian, à savoir, combattre ce qu’il entend par « désinformation » (sur notre photo, deux intimes s’embrassent : devinez qui ?)
Jean Yves Le Drian voudrait sans doute laver plus blanc que le savon OMO. Mais, les Africains inventent-ils le fil à couper le beurre ? Ils ne font que relayer, sur le terrain, les méfaits de la détestable politique africaine de la France dans leurs milieux respectifs : soutien inconditionnel de la France aux différentes dictatures africaines, validation des troisièmes mandats dans les pays comme la Guinée-Conakry et la Côte d’Ivoire dont le président (Alassane Ouattara) ne jure que par le nom de la France, dissimulation des mauvais actes de gouvernance des protégés africains de la France, etc.
Bref, 13 millions d’euros (8,5 milliards de F CFA environ) sur trois ans sont alloués à cet objectif de la France qui, pour éviter les qu’en dira-t-on, permettront aussi de former certains journalistes et techniciens de médias africains, sans oublier la couverture d’autres besoins spécifiques (missions sur le terrain, financement de certains projets, etc.).
Et si on conseillait à Le Drian que son action ressemble à celle d’un médecin qui, pour guérir le paludisme, choisit de casser le thermomètre ? Disons ceci au ministre français des Affaires étrangères : Cessez de soutenir les dictateurs qui truquent les élections pour se maintenir au pouvoir, quittez la zone franc et laissez les Africains (comme ceux de l’Afrique de l’Ouest) créer leur propre monnaie, fermez toutes les bases militaires qui ne font que polluer l’atmosphère des Africains, etc. Si un président français (quel qu’il soit) le fait, son chef de la diplomatie n’aura pas besoin de donner 13 millions d’euros à CFI, sur trois ans, pour changer l’image de la France en Afrique. Car les Africains, eux-mêmes, seront les premiers à applaudir ce président français.
Mais, on a compris depuis longtemps que ce président français-là ne sera jamais Emmanuel Macron.