Candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait, fortement, condamné les crimes coloniaux, « crimes contre l’humanité » comme il les avait qualifiés, et appelé à leurs réparations. Deux années après son entrée en fonction, les pays africains commencent à poser des actes qui l’interpellent, alors qu’il semble avoir oublié cette promesse de campagne. Têtes de pont de cette nouvelle vague de pays contestataires, l’Algérie et la Tunisie, en attendant, certainement, d’autres, se rappellent à son bon souvenir.
C’est ainsi que l’Organisation nationale des Moujahidines (ONM) appelle le parlement algérien à proposer un projet de loi sur la criminalisation des actes de la colonisation française en Algérie.
« Nous devons demander des comptes aux Français. Le parlement algérien doit proposer une loi pour exiger des compensations à la France. Nous voulons qu’il y ait une loi dans notre pays pour qualifier la colonisation française de destruction et de génocide. Ils voulaient remplacer les Algériens par la population française. C’était une colonisation de peuplement. Le parlement doit répondre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’ONM a demandé des réparations. Nous ne sommes pas des mendiants, c’est le droit des Algériens. Ils ont détruit un pays », a déclaré Mohand Ouamar Benelhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM, dans une vidéo diffusée, lundi, 15 juillet, sur le site de l’organisation.
Et d’ajouter : « Eux (les Français) n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur. En contrepartie, les pieds-noirs, qui sont revenus en Algérie, réclament, aujourd’hui, des réparations et des compensations sur les biens qu’ils ont laissés. Ils ont même déposé plainte devant la justice contre des Algériens. Nous pouvons payer pour leurs bicoques à condition qu’ils présentent des actes de propriété authentiques de ces biens et terrains. Nous aussi, nous allons établir un état des lieux. Des milliers de villages, de villes et de maisons ont été détruits soit par des bombardements, soit par inoccupation après les regroupements des populations (dans des camps à partir de 1956). Les gens ont été forcés de quitter leurs demeures. Il s’agit de centaines de milliers de maisons que les Français se sont partagés. Idem pour les bonnes terres agricoles ».
L’Algérie n’est pas le seul pays à s’être lancé dans cette entreprise de revendication. La Tunisie y est aussi en plein. En effet, sa justice demande des excuses et des réparations à la France pour la colonisation.
Plus précisément, il s’agit de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) chargée de faire la lumière sur les crimes d’Etat commis en Tunisie sous les régimes précédents. Elle a mis la France devant ses responsabilités pour les crimes commis durant la période coloniale, en exigeant des excuses et des réparations de sa part. Un mémorandum, à cet effet, a été envoyé à l’Elysée (présidence de la République française) et à l’ambassade de France à Tunis (sur notre photo le président tunisien Béji Caïd Essebsi reçu à l’Elysée par son homologue Emmanuel Macron).