Le Rassemblement national (RN) ne fait guère mystère des mesures draconiennes qu’il entend mettre en place une fois que son candidat, Jordan Bardella, serait installé à Matignon (primature française). Ce parti a énuméré 8 mesures fortes à appliquer rapidement pour marquer les esprits, la deuxième sur la liste visant à « réduire drastiquement l’immigration légale et illégale et expulser les délinquants étrangers ».

Il s’agira de supprimer l’autorisation de séjour pour tout étranger n’ayant pas travaillé depuis un an en France. Expulser systématiquement les clandestins, délinquants et criminels étrangers. Supprimer le droit du sol et limiter l’accès à la nationalité à la seule naturalisation sur des critères de mérite et d’assimilation.

Le nouveau pouvoir d’extrême-droite envisage aussi de mettre fin à l’immigration de peuplement et au regroupement familial, de traiter les demandes de droit d’asile uniquement à l’étranger, de réserver les aides sociales aux Français, et conditionner à 5 années de travail en France l’accès aux prestations de solidarité. Il sera aussi question d’assurer la priorité nationale d’accès au logement social et à l’emploi et de supprimer l’autorisation de séjour pour tout étranger n’ayant pas travaillé depuis un an en France.

L’idée de voir le RN arriver au pouvoir, a mis la classe politique française en émoi jusqu’aux partenaires européens qui restent dans l’expectative, la France étant le deuxième pays moteur après l’Allemagne qui fait tourner l’Union européenne. Or les thèses du RN sur l’Europe (qu’il venait de rallier dans les discours) ont toujours inquiété. Car elles prônent le repli sur soi alors que cinquième pays exportateur du monde, la France a vocation à s’ouvrir encore plus vers les autres.

Il n’y a pas que la classe politique qui s’inquiète. Même les agriculteurs que le RN promet de soutenir pour préserver le deuxième rang mondial de la France dans le domaine de l’agriculture, ont perdu le sommeil. Car beaucoup d’exploitation « emploient de la main-d’oeuvre étrangère », explique le vice-président du syndicat en charge des dossiers économiques chez les Jeunes agriculteurs, Pol Devillers, vendredi, 14 juin, sur Franceinfo. Et de reconnaître que « C’est vrai que ça viendrait déstabiliser les exploitations et les entreprises concernées ».

Si le RN arrivait à Matignon, ce serait une course contre la montre. Car il dirigerait le pays de façon brutale en prenant des mesures fortes visant à montrer en très peu de temps qu’il est le parti qui fait ce qu’il dit (contrairement aux autres de l’establishment qui oublient vite leurs promesses électorales), ce qui engendrerait des manifestations monstres dans les rues et dans les entreprises, ainsi que, dans l’administration où les fonctionnaires annoncent, déjà, des grèves de zèle en n’appliquant pas systématiquement ce qui leur serait demandé, dans le but de faire échouer la politique du gouvernement. Les conséquences sont incalculables au point où même les joueurs de l’équipe de France, actuellement, en Allemagne où ils jouent l’euro de football, demandent un vote qui favorise la « mixité » (Kylian Mbappé) et qui « combat » le RN (Marcus Thuram) sans oublier Ousmane Dembélé du PSG qui, le premier, avait lancé les hostilités.

Autre dossier chaud qui s’annonce : Le RN a promis qu’il réussirait là où ses prédécesseurs de droite et de gauche, ont échoué en reconduisant systématiquement dans leurs pays des étrangers n’ayant pas obtenu les papiers. A la question de savoir comment il ferait puisque les ambassades des ressortissants des pays concernés ne jouent pas le jeu, il répond qu’il déploierait une diplomatie plus agressive, qui pourrait aller jusqu’à la rétention des aides destinées à ces pays dans le cadre de la coopération, tout comme il pourrait interdire à la diaspora des pays africains concernés d’expédier de l’argent (virements bancaires, western union, money gram, ria, etc) aux familles restées en Afrique comme cela se fait actuellement.

Ce que le RN ne sait pas, c’est que l’argent expédié d’Afrique par les Français qui y travaillent est beaucoup plus important que les (petits) mandats de la diaspora. En cas de réciprocité d’une telle mesure, qui pousserait les cris d’orfraie ? Dautre part, les pays africains resteraient-ils les bras croisés alors que leurs ressortissants subissent des brimades énormes du nouveau gouvernement ? N’appliqueraient-ils pas la réciprocité et qui sera le plus gros perdant au final à un moment où la Chine, la Russie et la Turquie pour ne parler que de ces pays, n’attendent que la dégradation (encore plus forte) des relations entre les pays africains et la France pour rafler la mise ?

Un front anti-RN est en train de se constituer avant le 30 juin, date du premier tour, d’où la très remarquable entrée en scène des anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui refusent l’idée de voir la France indexée dans le monde comme un pays (officiellement) raciste.