Un peu plus de 6 millions d’euros ont été crédités pour restituer aux populations des avoirs saisis, notamment, en Guinée équatoriale. Pour la première fois, le budget de l’Etat français 2024 prévoit des crédits pour restituer aux populations des avoirs saisis dans les affaires dites de « biens mal acquis » de dirigeants étrangers, concrétisant un mécanisme voté en 2021. Autrement dit, la France se saisit des biens souverains d’un autre Etat, se les octroie et ordonne à sa justice d’utiliser une partie des biens saisis pour financer des projets de développement, tout en gardant, bien entendu, une autre partie des biens de cet Etat souverain. Comme quoi, quand on veut finir avec la colonisation dans sa forme traditionnelle, elle arrive toujours à renaître sous d’autres formes. La Guinée équatoriale ne se laissera pas faire. Parlant de l’immeuble de l’avenue Foch, par exemple, elle a déjà averti que le jour où la France commettra l’erreur de le saisir en mettant son personnel diplomatique dehors, elle nationalisera, immédiatement, tous les biens des sociétés françaises en Guinée équatoriale et mettra l’ambassadeur de France dans le premier avion Air France en direction de Roissy. La France a tort de malmener, ainsi, la Guinée équatoriale. C’est elle qui perd à la longue.
Dans un document annexé au projet de loi de finances 2024, le gouvernement flèche 6,1 millions d’euros (4 milliards de F CFA) pour la restitution de biens mal acquis aux pays d’origine de ces fonds spoliés.
La ligne budgétaire existait depuis le budget 2022 mais restait vide jusqu’ici.
Cette somme fait « suite à un premier versement issu de cessions » d’avoirs saisis – voitures et objets de luxe – dans le « cas Obiang », selon les termes utilisés dans le document gouvernemental à propos de Teodorin Obiang, fils aîné du président de Guinée équatoriale.
Vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang a été, définitivement, condamné, en juillet 2021, à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour détournement de fonds publics. Un jugement qu’il conteste avec la dernière énergie.
Il faut rappeler que les investissements et autres achats réalisés en France par Teodorin Obiang sont conformes à la législation de la Guinée équatoriale. Car dans ce pays, la loi permet qu’un fonctionnaire ou agent de l’Etat puisse faire des affaires à titre privé, en marge de sa fonction officielle, sans qu’on dise qu’il enfreint la loi. C’est ainsi que tous les fonctionnaires équato-guinéens ont qui, une ou des entreprises, qui un ou des immeubles, qui une ou des plantations, etc. ce qui est tout à fait admis par la loi de ce pays. On ne comprend donc pas un tel acharnement des autorités françaises pour quelque chose qui est autorisée par la Guinée équatoriale. C’est comme si la France voulait le bien-être de la Guinée équatoriale plus que la Guinée équatoriale elle-même.
On sait tous que l’acharnement des autorités françaises provient du caractère non docile du président, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Contrairement à ses autres homologues de la sous-région et ailleurs, il ne se laisse pas faire et œuvre pour le seul et unique intérêt de la Guinée équatoriale même si cela irrite ses partenaires étrangers. Les Africains savent qu’il est un véritable nationaliste qui ne se laisse pas intimider. On n’en dira pas de même des autres chefs d’Etat dits amis de la France dont les biens en France restent au chaud, loin des tribulations d’une justice sélective.