Qui l’eût cru ? Qu’un très grand ministre des Affaires étrangères d’un grand pays européen évite de rencontrer son homologue africain alors que l’actualité entre les deux pays exige, plutôt, que les diplomates parlent entre eux, puissent se rencontrer et échanger. C’est ce qui vient, pourtant, de se passer à Kigali, au Rwanda. Au grand étonnement des autres diplomates africains.
Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères (notre photo) et Simeon Oyono, chef de la diplomatie équato-guinéenne, se sont retrouvés, ces dernières heures, à Kigali, au Rwanda, pour participer à une réunion UE-ACP. Une excellente occasion pour les deux hommes de se rencontrer d’autant plus que l’immeuble du 42, avenue Foch dans le 16 e arrondissement de Paris, pollue leurs (bonnes) relations depuis plusieurs années.
Considéré comme une propriété de l’Etat de Guinée équatoriale, cet immeuble abrite l’ambassade de la Guinée équatoriale en France depuis plusieurs années (et donc son ambassadeur Miguel Oyono Ndong Mifumu dont les lettres de créances furent reçues par Francois Hollande le 27 octobre 2014), mais aussi, le consulat de la Guinée équatoriale et d’autres services annexes. Pour le Quai d’Orsay, ce local n’est pas un local diplomatique.
Les deux pays ayant une divergence profonde sur cette question, un tête à tête entre leurs deux chefs de la diplomatie aurait, sans doute, permis un début de rapprochement entre les deux parties. On l’a beaucoup espéré à Kigali sauf que le ministre, Jean-Yves Le Drian, a préféré quitté le Rwanda, presqu’en catimini, sans en informer son homologue équato-guinéen, qui attendait de le rencontrer. Tout s’est passé comme si le ministre français fuyait un tête à tête avec son homologue africain. Pourquoi ?
Constatant une telle attitude fuyarde du Français, certains diplomates africains venus à la conférence à Kigali, et qui suivent le feuilleton du 42, avenue Foch, à Paris, se sont demandé à quel jeu se livrait la France dans ce dossier ? Ce qui est sûr, c’est que Malabo vient de marquer un point dans un dossier que les Africains suivent presque quotidiennement et pour lequel l’attitude montrée par la France n’est pas de nature à améliorer son image déjà très piteuse en Afrique.