Son nom était l’un de ceux les plus cités parmi les favoris d’Emmanuel Macron pour le poste de Premier ministre. A 46 ans, Edouard Philippe accède à Matignon, au grand dam des Républicains qui vont devoir trouver la parade, à moins d’un mois des législatives. Porte-parole d’Alain Juppé pendant la campagne de la primaire de la droite, il avait intégré, pour la forme, le très large conseil stratégique mis en place par François Fillon. Mais début mars, après le déclenchement de l’affaire Fillon, il avait marqué des signes en direction de l’ex-ministre de l’Economie. Philippe et Macron s’étaient rencontrés en 2011, à un dîner, et auraient gardé le contact depuis, selon un ami commun. Surtout, jugé «Macron compatible» sur le projet, il avait invité le président élu mais pas encore en exercice à faire le choix de la «transgression».
Il avait débuté au Parti socialiste
Au cours de ses études à Sciences Po, Edouard Philippe adhère brièvement au Parti socialiste et soutient Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mitterrand. Il rend sa carte au bout de deux ans, puis se rapproche progressivement de la droite. En 2001, il rejoint l’équipe municipale d’Antoine Rufenacht, maire du Havre, et ancien directeur de campagne de Jacques Chirac. L’année suivante, il travaille au côté d’Alain Juppé à la fondation de l’UMP. Il sera ensuite son conseiller spécial au ministère de l’Ecologie en 2007, puis, son co-porte-parole avec Benoist Apparu en 2016 pour la primaire de la droite.
Les mêmes études que Macron
A 46 ans, Edouard Philippe est passé dans le même moule que le nouveau président de la République, avec quelques d’années d’avance sur lui. Passé par une classe préparatoire hypokhâgne, il intègre ensuite l’Institut d’études politiques de Paris puis l’ENA. A sa sortie, il travaille au sein du Conseil d’Etat. Comme Emmanuel Macron, il a connu plusieurs expériences dans le privé. Dans un cabinet d’avocat américain, puis, chez Areva, où il a occupé le poste de directeur des Affaires publiques de 2007 à 2010.
C’est un passionné de boxe
«Je prends des coups, j’en donne aussi. J’apprends. C’est un sport qui rend humble.» Dans une interview à LCI, en octobre dernier, Edouard Philippe évoquait sa passion pour la boxe, qu’il pratique trois fois par semaine. Il partage le même entraîneur avec l’ex-champion français de kick-boxing, Jérôme Le Banner, qu’il a rencontré sur un ring au cours d’un événement associatif en février 2015.
Il écrit des fictions politiques
A la suite de son retrait de la campagne, le maire du Havre débute des chroniques hebdomadaires pour le quotidien Libération. Il donne son point de vue sur la campagne présidentielle. Ainsi écrit-il, le 18 janvier dernier, au sujet de celui qui n’est alors qu’un candidat : «poussé par les Gracques, club discret de hauts fonctionnaires, Macron plaît à ceux qui n’aiment ni Fillon, ni Le Pen, ni aucun de ceux qui prétendent incarner la gauche. (…) Macron, qui n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier». Car l’écriture est une aventure qui l’a déjà titillé. Avec Gilles Boyer, qui a travaillé avec lui au sein du cabinet d’Alain Juppé au ministère de l’Ecologie, il a écrit deux romans policiers sur le monde politique. «L’Heure de vérité» publié en 2007 traitait de l’enlèvement d’un député. «Dans l’ombre», publié en 2011, racontait l’histoire d’un conseiller d’un homme politique influent au cours d’une campagne présidentielle.
Il a fait partie des 10 abstentionnistes lors du vote sur le mariage pour tous
Le 12 février 2013, le député de Seine-Maritime n’avait pas souhaité se prononcer sur le projet de loi instituant le mariage homosexuel en France et avait rejoint le camp des abstentionnistes aux côtés d’autres figures des «Républicains» comme Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire. En commission, il s’était notamment interrogé sur les écueils juridiques que poserait la mesure à l’Etat civil.
Dans un portrait chinois publié en 2010 par Le Point, Edouard Philippe confiait : « J’ai des peurs absurdes. Je suis effrayé à l’idée d’aller chez le dentiste. J’ai peur des requins. Du coup, je ne suis pas à l’aise quand je nage dans la mer ». Ça fait pourtant des années qu’il barbote dans le milieu politique.