FRANCE : Le livre de Valérie Trierweiler assomme la France et son chef d’Etat

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François Hollande a été élu par les Français. Mais, président, avant tout, de ces derniers, il garde, de par des liens coloniaux et extra-coloniaux, une influence, plus que notable, sur le fonctionnement des régimes africains, de la sphère d’influence de la France. Au moment où l’administration Obama entend généraliser le principe de l’alternance, à la tête des pays africains, comme cela a été, clairement, indiqué lors du Sommet Etats-Unis/Afrique d’août 2014, à Washington, on peut s’interroger sur la capacité de la France, avec, à sa tête, un président très affaibli, à accompagner ce mouvement.

Le lendemain de la sortie de « Merci pour ce moment »Valérie Trierweiler s’est rendue, à Madagascar. De ce pays pauvre très endetté, elle a pu suivre, de loin, les vagues provoquées par sa bombe thermonucléaire. Selon le sondage TNS-Sofrès pour le Figaro Magazine du 4 septembre, la cote de popularité du président, François Hollande, s’établit à 13%. C’est du jamais vu dans l’histoire de la Ve République. Précisons, tout de suite, que ce sondage a été réalisé, bien avant la sortie de « Merci pour ce moment ». A force de descendre, de cette façon, dans l’opinion, il n’est pas exclu que François Hollande trouve du pétrole, bientôt, à l’Elysée. Et tout laisse penser qu’il ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il va continuer de plonger. La désaffection des Français pour leur président, commence à tenir la concurrence avec ceux que la France impose aux peuples africains, pendant des décennies : des dirigeants incapables de gagner une élection, mais qui se font élire et réélire, grâce à la protection de la France, depuis des décennies, pour la plupart. François Hollande avait gagné avec 51,7 % des voix, en 2012. Un peu plus de deux ans, après, Marine Le Pen, du Front national, le battrait avec 54% contre 46.

Après avoir soutenu François Hollande pour qu’il éloigne, Nicolas Sarkozy, le plus loin possible, de l’Elysée, les Français étaient loin de penser que leur participation, à sa victoire, signerait la mort de leur pays.

Aujourd’hui, on a peur qu’il ne soit trop tard, pour redresser le tir. Cette France que les Africains ont cessé de regarder, depuis plusieurs années, avec des yeux de Chimène, ne fait plus rêver. Mais elle dispose, encore, de beaucoup de leviers susceptibles de nuire à l’Afrique. Sur ce plan, François Hollande était, au début de son quinquennat, le président que redoutaient les chefs d’Etat africains qui piétinent les droits de l’homme. Comme François Mitterrand en 1981 et Lionel Jospin en 1997. Pendant sa campagne, François Hollande avait annoncé la couleur, en voulant « rompre avec la Françafrique », cette pieuvre qui maintient les peuples africains dans la pauvreté et le sous-développement. Une fois élu, il a mis sa menace à exécution. Pendant les premiers mois de son exercice du pouvoir, il y en a qui ont eu des insomnies, comme le RDCongolais, Joseph Kabila, qui, à moins un, tenait son fameux Sommet de la Francophonie, en octobre 2012, à Kinshasa, sans François Hollande. En Afrique, les peuples jubilaient. La peur avait changé de camp au détriment des dictateurs, leur ami, Sarkozy, ayant été licencié de la fonction publique élyséenne. Mais que d’eau a coulé sous le pont. Certains dictateurs, hier, inquiets, se lèchent, aujourd’hui, les babines, convaincus d’avoir « apprivoisé » le président français. Un exemple saute aux yeux : c’est celui du Tchadien Idriss Déby Itno, qui se vante d’être, désormais, à tu et à toi avec François Hollande, qui l’envoyait promener, en, 2012, quand il cherchait, désespérément à le rencontrer, à Paris. Déby savait pourquoi il voulait faire la « cour » au nouveau patron de l’Elysée : sans son appui, son fragile pouvoir (maintenu en place par les militaires français présents au Tchad), s’écroulerait comme un château de cartes. En pleurant pour être reçu, à Paris, il savait, très bien, ce qu’il faisait. Avec l’aide de l’état major militaire français, qui contrôle la réalité du pouvoir diplomatique français en Afrique, il a fini par avoir gain de cause. Conséquence : il n’hésite plus à faire la bise à Hollande, en public, pour montrer aux opposants tchadiens, comment lui, Déby, personne ne peut lui résister, pendant longtemps.

A n’en pas douter, la publication du livre de l’ex-première dame de France, Valérie Trierweiler, a, complètement, emballé la machine médiatique, accompagnant, et amplifiant le mouvement de désacralisation de la fonction présidentielle. Les choses sont vues du côté français, dans toute leur sévérité. Mais côté, africain, ce n’est guère différent. Car on peut se demander avec quel charisme le président français pourra-t-il, encore, parler à un chef d’Etat africain, pour lui faire la leçon. Alors que les peuples africains, justement, dans leur quête de (réelle démocratie) et d’alternance à la tête de l’Etat, confisquée par la plupart des dirigeants francophones, comptent, certes, d’abord sur eux-mêmes, mais aussi, sur François Hollande. Malgré sa for te impopularité, François Hollande avait su (pu) garder, jusqu’à ces derniers jours, une image personnelle, relativement, bonne : sympathique, intègre et proche des gens. A l’opposé de celle très cassante et bling bling de son prédécesseur, qui, après avoir annoncé « la rupture » avec la politique africaine de la France menée par Jacques Chirac, est venu faire pire. Juste parce qu’il n’a pas pu tenir tête au pouvoir de l’argent. François Hollande, certes, prête le flanc, sur bien de choses, mais il reste un chef d’Etat tout à fait propre sur le plan de la corruption financière. La preuve en est que s’il ne l’était pas, Valérie Trierweiler l’aurait dit dans son livre. Sans rien cacher.

Pourtant, malgré ses 13%, dans le cœur des Français, le pire est, encore, devant lui, car en matière de délitement politique, François Hollande semble, encore, bénéficier d’une certaine marge. Tenez : d’autres scandales sont annoncés. L’ancien ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, limogée, comme chacun sait, en juillet 2013, pour avoir, publiquement, dénoncé le « mauvais budget » du gouvernement Ayrault, s’apprête à jeter un pavé de 220 pages, dans la mare néo-socialiste. « Insoumise », c’est le titre de son livre, publié aux éditions Grasset, le 15 octobre, réserve des moments de lecture inconfortables pour le président français. Il n’y a, donc, pas que les anciennes compagnes présidentielles à être sollicitées par les maisons d’édition : le hollandisme flageolant encourage les confidences au bazooka des ministres en rupture de ban.

« Merci pour ce moment » est un assassinat de première classe. On n’est plus à l’heure d’avoir peur des mots. Ce livre n’est pas que le fruit d’une « vengeance qui est un plat qui se mange froid ». Il s’agit, carrément, d’une œuvre de destruction massive du chef de l’Etat suivie de la dispersion des cendres de son corps, par avion, dans la nature. Pour que rien ne soit laissé sur l’homme, pour la progéniture. Tout y est dit pour faire mal, très très mal, et, durablement. A titre d’exemple, on y apprend, notamment, que François Hollande surnomme les gens pauvres « les sans-dents »… On mesure, à quel point, une telle information est ravageuse sur l’image présidentielle, à tel point que dès le lendemain de la sortie du brûlot, le chef de l’Etat a cru bon de répondre, au moins, à cet aspect de la chose, depuis Newport, en Grande Bretagne, où se tenait un Sommet sur l’OTAN, pour démentir, catégoriquement, ce qui a, toujours, fondé son combat d’homme de gauche.

En racontant, dans son livre, les meilleures anecdotes de sa vie intime avec le président de la République, livre que tous les chefs d’Etat africains, s’arrachent, depuis sa mise en vente dans les librairies (on a qu’à voir le ballet des limousines des corps diplomatiques africains accrédités en France, en direction des meilleurs points de vente de la capitale), Valérie Trierweiler a, peut-être, dit (sa) vérité. Mais était-ce le moment ? Etait-ce la meilleure façon ? Au regard de son passé de première dame, a-t-elle le droit de vider, ainsi, son sac, même si elle a été humiliée, voire, trahie ? Où est sa notion de responsabilité, alors que sans elle, François Hollande ne serait, peut-être, pas à l’Elysée ? La République française (et tout ce qui va avec) devrait- elle vibrer au diapason de ses pulsions affectives ?

Ce livre lance une véritable guerre de communication. Il peut faire des dégâts à long terme, car il instruit le procès de l’image du président. Or, il reste, toujours, une trace quand vous êtes abîmé en communication, c’est la réputation. Cet ouvrage ouvre, aussi, une porte sur l’intime, jusque là à peu près préservé des travers anglo-saxons, mais, que Valérie Trierweiler va contribuer à pousser, très largement.

Ce livre affaiblit la symbolique présidentielle par la découverte de l’intime. Le risque que ce livre soit dans la mémoire collective du pays comme le moment d’affaiblissement de la fonction présidentielle est, particulièrement, prégnant.

Ce livre incarne, finalement, la non-rupture avec le mandat de Nicolas Sarkozy. Il sera, à cet égard, particulièrement, préjudiciable à François Hollande dont l’image s’effrite, chaque jour, davantage. Déjà, dimanche 7 septembre, 85% des Français selon un sondage IFOP/Journal du Dimanche, l’invitaient à ne plus se représenter, en 2017. Ajoutons : s’il arrive à se maintenir à l’Elysée, jusqu’à cette date, car ce n’est pas acquis. La rentrée s’annonce, incontestablement, délicate. Comment s’est-il retrouvé dans cette situation ?

Il y a quelques jours, le président de la République a fait une allocution, sous des trombes d’eau, à l’Ile de Sein, sans être protégé par le parapluie que tenait, pourtant, son garde du corps, à quelques pas de lui… Résultat ? L’image qui circule, dans les médias, et sur les réseaux sociaux, est celle d’un homme incapable de faire face aux enjeux qui le menacent, lui, et son pays. Cette image a été renforcée par le fait que la pluie a, évidemment, gêné François Hollande qui n’a cessé de bafouiller. En somme, plutôt, un « champion » du Ice Bucket Challenge, malgré lui, et, désormais, sans générosité, qu’un leader humain et proche.

Ce livre est, sans doute, la dernière étape de la désacralisation absolue de l’image présidentielle de François Hollande. Elle avait, d’ailleurs, atteint un point remarquable avec les équipes du Petit Journal de Canal + diffusant un reportage montrant le président de la République faire une pause, dans une station ser vice. Il avait décidé de partir voter, à Tulle (Corrèze) … en voiture. Un trajet long et difficile, qui a duré plus de 9 heures. Le président de la République s’est accordé une « pause pipi », devant les clients, très surpris, de la situation.

A vouloir être un président normal envers et contre tout, il a fini par être filmé comme un président qui se soulage.

A force de refuser d’être le président de la Ve République, il a fini par créer chez les Français, un doute sur sa capacité à occuper la fonction, et à affronter les enjeux qui y sont liés. François Hollande est, aujourd’hui, considéré comme, le moins bon, des présidents de la Ve République, selon le palmarès BVA réalisé pour Le Parisien – Aujourd’hui en France.

En devenant René Coty version 2014, François Hollande risque de ne plus pouvoir rassurer les Français sur leur avenir. C’est, d’ailleurs, sans doute ce qui explique les résultats des dernières enquêtes d’opinion démontrant que plus de 8 Français sur 10 estiment que le pays a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre… Voilà qui permet de faire sortir Marine Le Pen, du bois. Sans tarder, elle a proposé ses services pour devenir première ministre de François Hollande : « La promotion de Najat Vallaud-Belkacem, la nomination d’Emmanuel Macron (au ministère de l’Economie) et le maintien de Christiane Taubira, montrent que Valls n’est pas l‘homme ferme qu’il prétend être. Il est incapable de contrebalancer le laxisme généralisé et l’indécision de François Hollande ». Et d’asséner : « Je suis respectueuse des institutions. Je ne remets pas en cause la légitimité du président. Mais il n’a plus la confiance du peuple, il doit, donc, en tirer les conséquences ». C’est-à-dire, soit démissionner, soit dissoudre l’Assemblée nationale et aller aux élections législatives. Quant à la politique que la présidente du Front national compte mettre en œuvre, elle est sans surprise : « C’est le chantier de l’insécurité et de l’immigration. Il faut modifier le code de la nationalité, arrêter l’immigration, en faisant en sorte que venir, en France, ne soit plus attractif, comme le fait David Cameron, au Royaume-Uni. Et instaurer la priorité nationale » (fin de citation).

Avant, on pouvait dire que la France va mal. Maintenant, sans grand risque de se tromper, on peut affirmer, urbi et orbi, que la France est, littéralement, couchée à même le sol.

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