Le 23 juillet 2023, en Espagne, c’est la droite, composée du Parti populaire d’Alberto Núñez Feijóo et du parti d’extrême droite Vox, qui remporta les législatives. C’est donc vers elle que se tourna d’abord Philippe VI mais, comme la droite n’avait pas obtenu suffisamment de sièges pour former le nouveau gouvernement, le roi demanda ensuite au chef du PSOE, Pedro Sánchez, de gouverner le pays.
C’est cette règle que respectèrent et appliquèrent François Mitterrand (en 1986-1988 et en 1993-1995) et Jacques Chirac (1997-2002). Point n’est besoin de faire Sciences Po ou l’ENA pour comprendre cette chose élémentaire. La démocratie et la tradition républicaine française veulent que le parti ou le groupe de partis arrivé (s) en tête des législatives partagent le pouvoir avec le président de la République. Que celui-ci n’aime pas la tête des gens de gauche importe peu. Ce qui importe, c’est qu’il honore la démocratie et respecte le vote des électeurs.
En agissant autrement, c’est-à-dire, en nommant premier ministre un individu dont le parti a occupé une misérable et ridicule place, afin de continuer la politique désastreuse qu’il mène depuis 2017 et qui a consisté essentiellement à enrichir ceux qui étaient déjà (très) riches, Emmanuel Macron montre simplement qu’il est en conflit avec la démocratie et l’intérêt général, qu’il n’est guère différent des satrapes africains, qui usent de tous les moyens pour se maintenir au pouvoir (Notre photo : une récente une du quotidien français Libération).
En ignorant royalement le vote des Français, il donne raison au ministre malien de la transition, Abdoulaye Maïga, qui, lors de son intervention à la 77e session de l’ONU, le 22 septembre 2022, qualifiait les autorités françaises de “junte au service de l’obscurantisme, ayant renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, une junte nostalgique de pratiques néocoloniales, condescendantes, paternalistes et revanchardes, une junte, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) contre le Mali”.
Après ce honteux hold-up, et en attendant la réaction du peuple français, qui n’a pas l’habitude de se laisser marcher dessus, on va voir si les journalistes et hommes politiques français du Centre et de Droite continueront à donner aux Africains des leçons sur la démocratie et le respect du résultat des urnes.
Jean-Claude Djéréké
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).