Les mystères de la diplomatie font leur effet : après une vingtaine d’années d’enquêtes inabouties, la justice française, avec le soutien sans doute de la chancellerie, a ordonné un non-lieu dans cette affaire d’attentat du Falcon 50, où il devenait très difficile de réunir des éléments de preuve. De plus, Paul Kagame, le président rwandais qui semblait être en première ligne dans ces accusations de génocide, a changé de fusil d’épaule. Maintenant, il coopère, étroitement, avec la France d’Emmanuel Macron, qui l’a même aidé à placer sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, à la tête de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie). Depuis ces noces entre Paris et Kigali, rien ne peut plus étonner dans les relations entre les pays.
Les juges d’instruction ont, ainsi, suivi les réquisitions du parquet de Paris, réclamant, en octobre, l’abandon des poursuites contre des proches du président rwandais, qui risquaient d’être renvoyés devant une Cour d’assises.
Dans cette ordonnance rendue le 21 décembre, les magistrats expliquent prendre cette décision « en l’absence de charges suffisantes ».
L’information judiciaire avait, initialement, été ouverte pour « assassinat et complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que, pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ».
Me Philippe Meilhac, avocat de la veuve de l’ex-président, Agathe Habyarimana, a annoncé que les parties civiles allaient faire appel de cette ordonnance.
Depuis plus de 20 ans, ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Kigali, sur fond de débat sur les responsabilités françaises à l’époque du génocide.
Le 6 avril 1994, l’avion de Juvénal Habyarimana, un Hutu, avait été abattu en phase d’atterrissage à Kigali par, au moins, un missile. Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, principalement, dans la minorité tutsi.
En France, une information judiciaire avait été ouverte en 1998 après la plainte des familles de l’équipage, composé de Français. Le premier juge saisi, Jean-Louis Bruguière, avait privilégié l’hypothèse d’un attentat commis par des soldats de l’ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagame (notre photo où il se montre tout puissant et fier), devenu président en 2000.
Closes une première fois, les investigations avaient été relancées en 2016, mais, se sont heurtées à une série d’obstacles avant d’être, définitivement, bouclées en décembre 2017.