A dire vrai, on n’a jamais su à quoi servait le G5 Sahel et pourquoi réellement il avait été créé. On sait juste que c’est une initiative de la France (une de plus à la place des Africains) pour combattre, jurait-elle, le djihadisme dans le Sahel, et qui regroupait le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la Mauritanie. Le G5 Sahel avait vu le jour en 2014. La France en était aussi membre sauf qu’elle a oublié d’y mettre les moyens, comptant, comme souvent, sur les apports des partenaires comme l’Arabie Saoudite ou l’Union européenne. Mais, les Américains qui devraient, à la demande des Français, être les principaux contributeurs n’ont pas répondu à cet appel, préférant consacrer les mêmes aides prévues avec les pays membres, dans le cadre de leur coopération bilatérale. La France ne mettant pas les moyens adéquates pour faire face aux besoins, le G5 Sahel ne pouvait, réellement, pas être viable.
Il fallait donc s’y attendre : Ouagadougou et Niamey ont annoncé, samedi, 2 décembre, dans un communiqué conjoint, quitter le G5 Sahel, créé en 2014. Les deux pays rejoignent, ainsi, le Mali, qui s’était retiré de cette organisation en mai 2022. Celle-ci ne compte, désormais, plus que le Tchad et la Mauritanie. Autant dire que le G5 Sahel est en train de disparaître. Encore une initiative de la France au Sahel qui fait flop. Il faut penser quoi au moment où la France a initié une réflexion au parlement sur sa politique africaine ? L’échec est tellement humiliant qu’on doute que la France aura vraiment le courage de prendre des mesures qu’il faudra pour repartir d’un bon pied : les réflexes coloniaux ont la vie dure dans l’hexagone. Sauf qu’en Afrique, on l’ignore peut-être au parlement français que ces mauvaises habitudes, cette grandeur dépassée et obsolète de l’ancienne métropole, ne passent plus.
« Les ambitions légitimes de nos Etats, à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle », poursuivent les deux partants.
Ils affirment avoir pris une « responsabilité historique » en quittant une organisation qui « saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins, accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant, qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats ». En mai 2022, le Mali a été le premier pays membre à claquer la porte, au nom de son indépendance et de sa souveraineté. Après avoir chassé la Force Barkhane du Mali, le G5 Sahel ne pouvait rester : cela faisait désordre au niveau de la cohérence du Mali dans sa lutte anti-djihadiste.
Le rapprochement est en cours entre le Mali, le Niger et le Burkina. D’abord militaire et sécuritaire, celui-ci va devenir économique, voire, politique et c’est dans ce cadre que les trois pays envisagent déjà la sortie de la zone franc, qui est le dernier vestige colonial de la France à les embrigader.