Pour son premier déplacement officiel, le président de la transition gabonaise, le général-président, Brice Clotaire Oligui Nguema, a choisi de se rendre chez son voisin de Malabo, pour y rencontrer le chef d’Etat, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo. Cette rencontre, qui a eu lieu le 19 septembre, s’est déroulée dans un climat de tensions entre les deux pays, pourtant très proches du vivant du patriarche, Omar Bongo Ondimba. En cause, plusieurs affaires impliquant des enjeux importants, tels que l’ingérence étrangère et le contrôle des ressources naturelles.
Après avoir échappé de peu à la tentative de coup d’état de 2004, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo est devenu méfiant à l’égard de tout mouvement des forces militaires étrangères (hostiles) s’effectuant dans le sillage de son pays. Donc, lorsque l’ancien président déchu du Gabon, Ali Bongo Ondimba, accepte d’accueillir, au nom de la MINUSMA, un détachement de ces dernières sur son territoire, l’homme fort de Malabo y entrevoit la préparation d’un coup de force sponsorisé par Libreville contre son régime.
Ensuite, il y a l’Ile de Mbanié qui fait l’objet d’un litige entre les deux capitales africaines depuis près de 20 ans. En effet, dotée de vastes gisements pétroliers, cette île est particulièrement visée par le Gabon depuis que l’exploitant minier français, Total, l’a informé de la baisse progressive du volume de ses réserves de pétrole. De son côté, la Guinée équatoriale dont les dotations pétrolières vont, plutot, crescendo, revendique la souveraineté sur cet espace. L’affaire, qui avait été portée à l’attention du secrétaire général de l’ONU de l’époque, Kofi Annan, est toujours en arbitrage.
Beaucoup plus récent que les deux premiers incidents, le dernier différend diplomatique entre Libreville et Malabo a eu lieu après le coup d’état d’août dernier du général-président, Brice Clotaire Oligui Nguema. Dans les jours qui ont suivi cet événement, deux soutiens du candidat de l’opposition aux récentes élections présidentielles gabonaises, Pr. Albert Ondo Ossa, ont été interpellés non loin de la frontière équato-guinéenne. Selon des sources bien informées, les deux individus, Mike Jocktane et Thérence Gnembou, avaient en leur possession, une lettre écrite et signée de leur leader sollicitant l’intervention de Teodorin Obiang Nguema Mangue, actuel vice-président et fils du chef de l’Etat de Guinée équatoriale, pour contrer l’armée gabonaise et permettre au Pr. Ondo Ossa d’accéder à la magistrature suprême. Interrogé, ce dernier a démenti être l’auteur de ladite correspondance et minimisé l’importance de cette affaire.
Au regard de ces différends, il est évident qu’une visite d’Etat à Malabo est un premier pas de Libreville pour restaurer le dialogue avec son voisin, et initier le début d’un processus de normalisation des relations bilatérales, comme cela était le cas du temps du feu président, Omar Bongo Ondimba, qui était très admiré de son homologue équato-guinéen, toujours en exercice à ce jour.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)