GABON : LA VRAIE METHODE BONGO

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Chez le président El Hadj Omar Bongo, chaque Gabonais et chaque Gabonaise comptent de manière effective. Chacun à son niveau de compétence constitue ce qu’il appelle l’élite nationale.

Le président gabonais, El Hadj Omar Bongo, vient de provoquer un recensement général de la population à partir de juillet 2003. Cinquième du genre dans le pays depuis son indépendance, cette opération, codirigée par Casimir Oyé Mba, ministre d’Etat de la Planification et de la Programmation du développement et par Jacques Adiahénot, ministre d’Etat, ministre chargé du Cadastre et de l’Urbanisme, bénéficiera également dans sa mise en oeuvre de l’expertise de l’Institut national de la cartographie. Elle devrait aussi mettre fin aux rumeurs les plus fantaisistes qui circulent sur la population gabonaise tout en respectant la constitution qui fait obligation à l’Etat en son article premier, alinéa 15, d’organiser un recensement général de la population tous les dix ans. Le Gabon compte-t-il « 600.000 habitants à peine » comme l’affirme l’opposant Pierre Mamboundou, leader de l’UPG, ou « environ un million d’habitants » selon certains bailleurs de fonds ou « un peu plus de 1,2 million de personnes » comme l’indiquent certains observateurs ? A ce petit jeu de « qui a raison, qui a tort », l’opinion ne tardera pas à être fixée avant fin 2003, d’autant plus que se profile à l’horizon la présidentielle de décembre 2005, à laquelle le président El Hadj Omar Bongo pourrait être candidat. Le conditionnel, ici, est de rigueur car si la constitution adoptée en 1994 lui permet de se porter candidat pour la dernière fois pour un mandat de sept ans à cette présidentielle, personne aujourd’hui à Libreville ou ailleurs ne sait exactement quelles sont ses vraies et réelles intentions. Mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’il ne procédera pas à la modification de la constitution dans le but de briguer un troisième mandat.

Doyen des chefs d’Etat d’Afrique centrale, El Hadj Omar Bongo n’a pas épargné son énergie ces vingt dernières années pour faire revenir la paix et la concorde dans certains pays africains : la Côte d’Ivoire, le Congo-Zaïre, le Burundi, le Congo-Brazzaville, en sont quelques exemples. Aujourd’hui médiateur dans les crises intercentrafricaine, intertchadienne et tchado-centrafricaine, il prône toujours le dialogue comme moyen unique de résolution des conflits. Adepte du partage du pouvoir et de la richesse nationale à tous les enfants du pays, il applique rigoureusement cette méthode de gouvernement à son propre pays, ce qui lui vaut d’être, actuellement, l’un des plus stables du continent africain. Mais comme dans toute démocratie qui se respecte, il veille aux grands équilibres politico-ethniques nationaux afin qu’il n’existe aucune frustration dans aucune région du Gabon. C’est ce souci de justice qui vient de le pousser à susciter une réforme sur le cumul des fonctions : on pourra désormais être ministre et conseiller municipal ou bien député et conseiller municipal, mais il ne sera plus possible d’occuper à la fois les fonctions de ministre, de député ou de sénateur, par exemple, en cumulant avec celles de maire.

Autre réforme que vient d’initier le président de la République et qui ne fait pas que des heureux dans la classe politique : à partir de cette année, les indemnités des ministres et parlementaires, par exemple, diminueront de 50%. En effet, il est courant au Gabon que ces distingués élus, dans leur majorité, oublient leurs électeurs dès qu’ils ont obtenu leurs suffrages. Dénoncé à plusieurs reprises dans les discours mais jamais vigoureusement sanctionné, ce fâcheux comportement des hommes politiques de tout bord a fini par exaspérer les Gabonais au point de leur faire bouder les urnes. Combien de fois n’a-t-on pas entendu des « makaya » dire que le fait de voter ou de ne pas voter ne changeait absolument rien à leur sort ? Lors des élections législatives de décembre 2001 et municipales et conseils départementaux de décembre 2002, à peine 20% du corps électoral s’est rendu dans les bureaux de vote pour effectuer ce devoir de citoyen, ce qui montre que les partis politiques et leurs élus font peut-être tout, sauf le travail qu’on attend d’eux auprès de leurs militants.
Désormais, ils sont instamment tenus de ne pas couper le cordon ombilical qui les lie à leurs électeurs de la base.

Equilibriste hors pair, maître en dosage politique, le président gabonais sait devoir compter sur les talents de tous ses compatriotes. Son bureau est largement ouvert à tous les Gabonais quels que soient leur rang social et leur coloration sociale. Cette ouverture d’esprit ne lui procure pas que des avantages dans la mesure où quand surviennent les conflits sociaux comme c’est le cas actuellement dans l’Education nationale, les syndicats préfèrent s’en reférer directement au locataire du Palais du Bord de Mer, même si des solutions justes et adaptées pouvaient être avantageusement explorées par le gouvernement.

A la présidence de la République, le travail ne manque pas pour la centaine de conseillers personnels, conseillers spéciaux, conseillers techniques et autres chargés de mission du président. Le domaine présidentiel en lui-même est bien délimité : médecin de formation, la première dame du Gabon, Docteur Edith Lucie Bongo, s’occupe dans des bureaux situés à un autre angle du Palais, des oeuvres sociales à la tête de la Fondation Horizons Nouveaux qu’elle a créée il y a quelques années. Ces mêmes locaux abritent aussi l’OPDAS (Organisation des premières dames d’Afrique contre le sida) qu’elle préside depuis juillet 2002. En treize années de mariage avec El Hadj Omar Bongo, les fois qu’elle a mis les pieds dans le bureau de son époux se comptent dans les doigts d’une main. Epouse du président de la République, elle tient la place qui est la sienne et qui n’est contestée par personne.

Après un passage au ministère des Affaires étrangères de 1991 à 1994, Pascaline Bongo, la fille du président, bardée entre autres de son diplôme de l’ENA de Paris, a été sollicitée pour diriger le cabinet civil du président de la République. Situé sur le même étage mais à un autre angle du Palais, l’emplacement de son bureau donne une idée du détachement que le président entend faire de cette collaboration, c’est-à-dire, non familière mais efficace. Résultat, même si elle participe à certaines audiences auxquelles elle est conviée par le président de la République, le système de fiches et de notes est très utilisé comme mode de communication avec ce dernier.

Quant aux autres membres de la famille, ils sont aussi utilisés en fonction de leurs compétences et mérites. Il n’aurait pas été juste que le président écartât des secteurs où ils peuvent rendre des services au pays au seul motif qu’ils sont ses proches. Si personne ne trouve scandaleux que Claude Chirac, par exemple, s’occupe, elle-même, au Palais de l’Elysée, de la communication et de l’image de son père Jacques Chirac, président de la République française, du moment où elle fournit un bon rendement, y aurait-il des raisons objectives qu’il n’en fût pas de même au Gabon ? Président de la République française de 1981 à 1995, François Mitterrand a employé Jean-Christophe, son fils aîné surnommé « Papa m’a dit », à ses côtés à la présidence de la République où il avait joué un rôle central au sein de la Cellule africaine tandis que Gilbert , le fils cadet, exerçait ses talents de parlementaire à l’Assemblée nationale. Situation que tout le monde trouvait très normale en France. Mais dès lors qu’il s’agit d’un pays africain, il y a problème. Pourquoi ?

Pourtant, la méthode Bongo donne des résultats palpables, que personne ne conteste ni au Gabon, ni en Afrique : la paix et la stabilité qui font de son pays l’un des plus sûrs en Afrique, ne sont pas un fait du hasard. Quand on observe les conflits graves qui agitent certains pays frères du continent, on se demande franchement pourquoi leurs dirigeants ne s’inspirent pas du savoir-faire de leur doyen de Libreville ?

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