La justice gabonaise va examiner, le 26 août 2019, en appel, la demande déposée par une dizaine d’opposants d’une expertise médicale du président, Ali Bongo Ondimba, pour estimer s’il est apte ou non à exercer ses fonctions de président de la République chef de l’Etat. Après avoir été victime, il y a 10 mois d’un AVC, en Arabie Saoudite, il a repris ses activités à la tête de l’Etat, mais, pas au rythme qui était le sien avant la survenue de la maladie, d’où la raison de la polémique qui a, progressivement, été amplifiée au fur et à mesure que des chefs d’Etat étrangers, venaient lui rendre visite, mais, sortaient, seuls, sans lui, pour rencontrer la presse, une fois le tête à tête terminé. Pour les partisans du chef de l’Etat, l’opposition qui n’a pu accéder au pouvoir par la voie des urnes, tente d’utiliser la voie judiciaire, à défaut de celle des armes : un coup d’état manqué avait failli changer le cours de l’histoire du Gabon le 7 janvier 2019 alors que le président suivait sa convalescence au Maroc.
Le 4 mai, un tribunal avait jugé en première instance irrecevable cette requête, au motif que seule la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement ou les deux chambres du parlement, peuvent constater l’empêchement. Mais, la Cour d’appel de Libreville a refusé, lundi, 12 août, de se dessaisir de cette requête spécifique d’une expertise médicale au motif qu’elle serait incompétente et a fixé l’audience au 26 août, selon les avocats des deux parties.
«C’est le début de quelque chose», se félicite Anges Kevin Nzigou, un des membres du comité de dix personnalités qui réclament l’expertise. Selon cet avocat, la justice a «pour une fois, résisté à l’appel du pouvoir» en refusant «une demande formulée par le président de la République» en faveur d’une dessaisie des juridictions ordinaires. «Cela viole toutes les règles», s’étrangle, au contraire, Tony Serge Ndong, avocat d’Ali Bongo.
Il maintient que son client, en tant que chef de l’Etat, «ne peut pas être justiciable».
Du côté des dix plaignants, la prudence est de mise puisqu’«il n’est pas exclu que des exceptions soient soulevées» pendant la procédure de 26 août, rappelle Anges Kevin Nzigou. Si la Cour d’appel a refusé d’emblée de se dessaisir, elle ne s’est, en revanche, pas prononcée au fond ni sur sa capacité à juger une affaire impliquant le chef de l’Etat.
La question de l’aptitude à présider d’Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis dix ans après le décès du patriarche Ondimba, en 2009, est brandie, en permanence, par ses opposants. Ils assurent qu’il ne s’est jamais remis de l’AVC, qui l’avait frappé, fin octobre 2018, pendant une visite en Arabie saoudite. C’est pourquoi des figures de l’opposition ont appelé les Gabonais à se rendre, en masse, samedi, 17 août, pour se rendre compte par eux-mêmes de l’incapacité du président à gouverner le pays. Lors du défilé militaire de la fête de l’Indépendance du 17 août, qu’il présidera en personne, le chef de l’Etat verra ses faits et gestes scrutés à la loupe par l’opposition, qui espère prouver, à cette occasion, le bien fondé de sa démarche dont l’aboutissement sur le plan judiciaire n’a, strictement, aucune chance (sur notre photo Ali Bongo Ondimba reçoit son homologue équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo le 12 juillet 2019 au Palais du Bord de Mer). Ali Bongo Ondimba a-t-il l’air d’un président mort-vivant comme tente de le montrer (grossièrement) l’opposition ?