Il y a quelques semaines, le président du Conseil supérieur de la magistrature, c’est-à-dire, Bongo Ondimba Ali (BOA), prenait ce corps, totalement, au dépourvu en procédant à des nominations farfelues, ne respectant, nullement, le mérite, la compétence, l’ancienneté, la concertation, et le bon sens. Ce fut le tollé général qui contraint le même pouvoir à faire un rétropédalage aujourd’hui. La pression du Synamag (Syndicat national des magistrats du Gabon), le principal syndicat, a été telle que, pour calmer la profession, le 27 juin prochain, le BOA présidera un autre Conseil supérieur de la magistrature pendant lequel il reviendra sur les récentes nominations, qui ont foutu le désordre dans la profession. Mais cette fois, le Synamag va être, étroitement, associé aux travaux préparatoires de ce Conseil du 27 juin, afin que le pouvoir ne lui fasse plus de bébés dans le dos.
Les nominations des magistrats dénoncées par le Synamag permettaient au Palais du Bord de Mer de verrouiller, complètement, l’institution judiciaire. A l’heure où le BOA porte plainte à tout va contre tout le monde (le candidat à la présidentielle, Jean Ping, le journal, L’Aube, pour ne citer que ces deux cas), le fait d’avoir des magistrats, totalement, soumis, peut rendre, énormément, des services, surtout, que les Gabonais attendent de voir quel type d’acte de naissance, le BOA va, cette fois-ci, mettre dans son dossier de candidature : celui donné par Sassou Nguesso, il y a quelques jours, à Oyo ou un autre ? Si oui lequel ? Tout le monde est curieux de savoir… Le Gabon vit ce moment pathétique dans l’émoi.
Le BOA s’est mis dans une position où il est à l’étroit. Surveillé par tous. Scruté par tous. Attendu au tournant par tous. L’étau commence à se resserrer contre lui. A défaut de tout lui devoir, il faut être, particulièrement, courageux, téméraire, surtout, suicidaire, pour battre le pavé pour sa réélection, dans de telles conditions, alors qu’on sait surfer sur du mensonge, du bluff. Tôt ou tard, la justice pourrait, même, se retourner contre des personnes les plus engagées pour sa campagne, sachant, pertinemment, qu’il n’avait pas le droit de se présenter car frappé par l’article 10 de la constitution. Cet article qui exclut les personnes ayant acquis la nationalité gabonaise en cours de route, de briguer la magistrature suprême. BOA refusant le test ADN avec sa mère qui vit, tranquillement, à Libreville, y a plus de quoi allumer le feu.
Les magistrats obligent le BOA à faire un rétropédalage qu’il n’avait pas prévu. Quand Maixent Accrombessi dressait la liste des nominations querellées avant de les soumettre à Séraphin Moundounga, le ministre de la Justice, on pensait au Palais du Bord de Mer que tout allait passer comme une lettre à la poste. Il n’en a rien été. Le BOA est, au contraire, contraint, aujourd’hui, à un humiliant rétropédalage.
C’est la preuve que le BOA est loin d’être invincible. Et que la « toute puissance » d’Accrombessi peut avoir (a) des limites. Un minimum de bonne organisation et de bonne entente, entre différentes Forces du pays peut permettre la non-candidature de BOA à la présidentielle du 27 août. C’est le souhait de la grande majorité des Gabonais y compris au sein du PDG, le parti au pouvoir.