Après avoir ouvert internet pendant une heure avant de le couper tout le reste de la journée d’hier, le pouvoir vacillant de Bongo Ondimba Ali (BOA), à la demande pressante de la communauté internationale, l’a, également, ré-ouvert, à partir de cette mi-journée. Jusqu’à ce que nous postions cet article, internet et les réseaux sociaux étaient fonctionnels. Mais pour combien de temps ? Car le Gabon traverse une période de sa vie où son fameux « vainqueur » à l’élection présidentielle du 27 août a peur de son ombre. Il est, déjà, atteint par la phobie du coup d’état.
Interviewé par France 24, aujourd’hui, Jean Ping (avec Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba) s’est déclaré ouvert à « toutes les médiations » pourvu qu’elles ambitionnent de sortir le Gabon de cette situation. Celle de l’Union africaine (UA) (dont les Africains n’ont pas confiance) en fait-elle partie ? Le sentiment partagé, en Afrique, est que cette médiation viendra faire pencher la balance du côté de l’homologue local, en totale perdition, comme l’aurait fait la Cour constitutionnelle du Gabon, dont la présidente n’est autre que la propre belle-mère de BOA : ce dernier et les deux enfants de la présidente de la Cour constitutionnelle ont pour même père, le défunt président du Gabon. N’ayant jamais eu peur, dans le passé, de piétiner le droit, ne se souciant jamais des qu’en dira-t-on, cela vaut-il la peine que Jean Ping aille à cet abattoir de la Cour constitutionnelle sachant pertinemment qu’elle est comme une Tour de Pise qui ne penche que d’un côté ? Celui de son beau-fils ?
Président en exercice de l’UA, Idriss Déby Itno n’a pas, encore, précisé qui fera partie de cette médiation. On ne sait pas, non plus, s’il la présidera, lui-même, lui qui est accusé d’être juge et partie, les Gabonais ayant découvert ses mercenaires tchadiens (encagoulés) en train de prêter main forte à la garde républicaine (présidentielle) de BOA.
L’Union européenne vient, cet après-midi, de pondre un autre communiqué où elle fait état d’ « anomalies » dans le Haut-Ogooué : « Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué », qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% et a permis au président sortant d’être réélu d’une courte tête, a indiqué l’observatrice en chef de l’UE, Mariya Gabriel.
Les observateurs « ont été autorisés à assister aux annonces publiques des résultats provinciaux dans sept des neuf provinces », explique la mission européenne.
« Les résultats n’ont pas été annoncés publiquement » dans celle du Haut-Ogooué, fief ethnique du président Bongo où il a obtenu plus de 95% des suffrages, « privant, ainsi, les parties prenantes de la transparence requise par la loi », ajoute Mariya Gabriel.
« L’intégrité des résultats provisoires dans cette province est (…) remise en cause » alors que « le taux de participation de 99,93% dans le Haut-Ogooué est nettement supérieur à ceux enregistrés dans les autres provinces, estimés en moyenne à 48% » (fin du communiqué).
Avec une telle implacable démonstration, qui permet de voir qui a triché et qui dit vrai, le pouvoir, comme il a commencé à chanter, ne peut pas dire que la mission de haut niveau de l’UA viendrait consacrer son hold up, en se « basant sur les seules lois gabonaises », comme si celles-ci avaient été, rigoureusement, respectées en amont du processus.
Il faudra, absolument, clarifier le vote en procédant à un nouveau comptage, bureau de vote par bureau de vote, et que le vainqueur soit proclamé comme tel, devant la communauté internationale. Au lieu d’envisager un jugement de Salomon où on divise la poire en deux pour un nouveau recommencement des mêmes tares.