De retour au palais présidentiel d’Accra, après huit années d’absence, John Dramani Mahama semble déterminé à réaliser deux objectifs principaux : reconstruire l’économie laissée en ruines par l’ancienne administration et renouer sur un plan diplomatique avec l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Si l’atteinte du premier objectif va nécessiter la mise en place de réformes structurelles, et donc, du temps, celle du second est moins complexe à réaliser. En effet, pour son investiture le 7 janvier dernier, le dirigeant ghanéen a eu l’idée d’inviter le capitaine-président, Ibrahim Traoré, en signe de rapprochement avec l’AES, dont ce dernier occupe la présidence tournante.
Il n’aurait pas jugé primordial de se lancer dans une opération séduction depuis sa campagne électorale vis-à-vis de ces trois juntes ouest-africaines si son prédécesseur n’avait pas gelé leurs relations diplomatiques en 2022 sur fond de présence d’éléments russes près des frontières ghanéennes. En réalité, Nana Akufo-Addo ne faisait qu’étaler sa vassalité envers Paris.
Pour concrétiser ses bonnes intentions à l’égard de l’AES, le nouveau président ghanéen a missionné Larry Gbevlo-Lartey pour soutenir le Bloc dans la lutte antiterroriste. Militaire et diplomate d’expérience, il devient ainsi le premier émissaire de haut niveau dépêché par un Etat pour œuvrer au retour de la stabilité et de la paix dans la très agitée région du Sahel.
Les va-t-en-guerre notoires de la sous-région, que sont Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Umaro Cissoko Embalo de Guinée-Bissau et Patrice Talon du Bénin leur emboiteront-ils le pas à leur homologue du Ghana à l’approche d’échéances électorales respectives pour des calculs voués à l’échec ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)