L’autoritarisme poursuit son bout de chemin en Afrique. Identifié comme le point de départ des coups d’état militaires sur le continent, il vient de poser ses valises au Bénin, pour une durée au moins équivalente à celle du bail de l’actuel locataire du palais de la Marina, Patrice Talon.
Grand admirateur du dictateur rwandais, Paul Kagame, le chef de l’Etat béninois n’hésite plus à ouvertement imiter son idole, surtout, dans la traque aux opposants résidant à l’étranger. En effet, jusqu’ici, Patrice Talon se contentait de mater les dissidents au sein des frontières de son pays.
Mais, après avoir récemment orchestré l’enlèvement de son compatriote et activiste, Steve Amoussou, alias Frère Hounvi, détenteur d’un statut de réfugié au Togo, le dirigeant béninois a montré à son mentor, Paul Kagame, qu’il avait franchi un seuil en matière d’autoritarisme.
Il faut dire que le président du Rwanda est un spécialiste en ce qui concerne la répression à l’international, lui qui ne lésine jamais sur les moyens à mettre en œuvre quand il s’agit de faire taire ou disparaître les concitoyens, qui auront osé médire sur sa personne ou le régime de Kigali.
Aussi rocambolesque que réussie, l’arrestation de Frère Hounvi a laissé les Béninois sans voix, l’opposition et les associations humanitaires réclamant sa remise en liberté immédiate. Peine perdue puisque la Justice nationale a décidé que son procès se tiendra le 7 octobre prochain.
Adepte de la rupture en 2016, Patrice Talon est, aujourd’hui, un dirigeant autoritaire, au point de ne plus pouvoir échapper à la comparaison avec son parrain rwandais, Paul Kagame, de qui il tire ses précieux conseils en la matière. Et, il semble malheureusement que personne ne puisse lui tenir tête au sein de l’opposition béninoise.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)