GUERRE AU SOUDAN : Les dessous de la brouille diplomatique entre Khartoum, Abu Dhabi et N’Djamena

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Cela fait maintenant plus de huit mois qu’une guerre fratricide fait rage au Soudan, ayant causé la mort de douze mille personnes et le déplacement de plus d’un million et trois cent mille d’autres. Invitées à maintes reprises à la table des négociations pour un cessez-le-feu, l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) continuent de réaffirmer leur préférence pour les affrontements. Une situation qui ne changera pas d’aussitôt, surtout, après la contestation par les forces armées soudanaises du communiqué publié à l’issue du 41ème Sommet extraordinaire  de l’Autorité intergouvernementale de développement (IGAD) annonçant la rencontre prochaine entre les deux seigneurs de guerre, al-Burhane et Hemeti. 

En moins d’un mois, Khartoum s’est simultanément mise à dos Abu Dhabi et N’Djamena, en raison de leur soutien  présumé aux FSR. Cette décision est assez surprenante puisque leur proximité avec les paramilitaires soudanais est évoquée depuis la guerre du Darfour, au même titre, d’ailleurs, que les liens étroits entre les armées soudanaise et égyptienne. Ce qui fait que la révélation par le général et chef d’Etat major-adjoint soudanais, Yasser al-Atah, à la fin du mois de novembre, de l’existence de transactions entre les FSR, N’Djamena et Abu Dhabi, n’est en rien une nouveauté, bien qu’elle ait été confirmée par l’intervention de Molly Phee, l’assistante du secrétaire d’Etat pour les Affaires africaines, devant le Congrès américain en ce début de mois. 

En réalité, les propos de Yasser al-Atah sonnent plutôt comme un aveu de faiblesse de la part des autorités soudanaises, qui ne parviennent pas à prendre l’ascendant sur les hommes d’Hemeti. Mais, ils auront, en tout cas, eu l’effet d’une bombe puisque la réaction des gouvernements émirati et tchadien ne se sera pas faite attendre, le premier procédant à l’expulsion de trois diplomates soudanais, et le second renvoyant quatre envoyés de Khartoum. En guise de représailles diplomatiques, la capitale soudanaise a, à son tour, déclaré 15 émissaires émiratis et 3 émissaires tchadiens persona non grata.

Les difficultés rencontrées dans la médiation de ce conflit interrogent sur l’approche privilégiée par le président, William Ruto, qui, dès le départ, croyait qu’un simple face à face entre les deux généraux soudanais, qu’il n’arrive toujours pas à obtenir, suffirait à désamorcer la crise. Cependant, certains observateurs pensent qu’une telle rencontre n’aboutirait à rien tant que les solutions proposées n’accommoderont ni les deux camps, ni ceux qui les soutiennent du fait des intérêts qu’ils détiennent au Soudan. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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