Nous n’osons pas le croire mais quelle reculade !!! Après avoir voté neutre le 2 mars à l’Assemblée Générale des Nations-Unies, sur la guerre en Ukraine, le Sénégal a changé de position, comme le vent du désert change de direction, lors du nouveau vote du 24 mars que les Nations-Unies ont organisé sur cette même question. Le Sénégal est le seul des 16 pays africains à avoir changé d’avis entre ces deux votes. Que s’est-il passé en 22 jours pour que le président en exercice de l’Union africaine change, ainsi, son point de vue sur cette grave question ?

Le numéro 507 d’avril d’Afrique Education va revenir en long et en large sur l’Ukraine car la violence qui frappe ce pays ressemble comme deux gouttes d’eau à la violence qui a détruit la Libye, en 2011, quand sous prétexte de la démocratie et des droits de l’homme et d’un vote des Nations-Unies tronqué, l’OTAN avait fait assassiner Mu’ammar Kadhafi et détruit la Libye qui, 11 ans, après, a, toujours, du mal à se relever. La condamnation de cette agression est unanime au Sénégal, même, où le président en exercice de l’Union africaine donne la preuve qu’il a une mémoire courte.

Pourquoi un tel revirement du président Macky Sall ? Il aurait eu deux coups de téléphone : un du président français, Emmanuel Macron, et un autre coup de téléphone de la présidente de la Commission, l’ancienne ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen, pour lui dire qu’il donnait un mauvais signal avec son vote du 2 mars et qu’il se devait de rapidement changer de fusil d’épaule. Comme un élève du cours moyen 2e année, notre président en exercice de l’Union africaine (à nous tous) s’est exécuté en un temps trois mouvements. Comment veut-on que l’Occident respecte l’Afrique avec de tels dirigeants ?

La présidente de la Commission qui avait été reçue, à Dakar, le 10 février, quelques semaines avant la tenue du Sommet Afrique-Europe, à Bruxelles, serait allée jusqu’à menacer les pays africains ayant voté blanc ou pour la Russie (cas de l’Erythrée) ou qui ne se seraient pas présentés au vote, de ne plus bénéficier de l’aide au développement de l’Union européenne. Un chantage inacceptable !

De son côté, le président français aurait abondé dans le même sens en demandant, plus tard, que le président en exercice de l’Union africaine œuvre auprès des autorités du Mali afin que RFI et France 24, actuellement, suspendues pour propagation de fausses nouvelles, soient réhabilitées.

Le président, Macky Sall, est à la tête de l’Union africaine pour représenter les intérêts de toute l’Afrique qui compte 54 pays. Et pas seulement ceux du Sénégal. La diplomatie sénégalaise n’est pas toujours compatible avec celle des 54 pays. On le sait mais, il faut qu’il sache que la guerre en Ukraine va durer et sans doute, il sera à nouveau sollicité aux Nations-Unies, pour voter. Nous lui demandons la neutralité qu’il a affichée lors du vote du 2 mars et non l’alignement du 24 mars derrière l’Union européenne. On va suivre …

Et puis, si jamais il passe par la tribune des Nations-Unies, qu’il rappelle aux Américains et aux Européens que leurs basses besognes, à travers l’OTAN en Libye, en 2011, attendent toujours des réparations dignes de ce nom afin que ce pays retrouve – enfin – le concert des nations.