Joe Biden vit une fin de mandat compliquée. En désaccord avec le premier ministre israélien, il est, pourtant, à deux doigts de se faire embarquer dans une guerre d’ampleur contre l’Iran. Cela fait presqu’un an que ses propos sur la volonté de Washington d’éviter une escalade au Proche-Orient circulent dans les médias internationaux. Un effet d’annonce non suivi d’effets puisque les livraisons d’armes vers Tel-Aviv, qui entretiennent les hostilités, n’ont, quant à elles, jamais cessé. Même si l’élection présidentielle s’annonce disputée le 5 novembre, Biden est devenu le jouet du premier ministre israélien au point qu’il fait pitié.
Maintenant qu’Israël en est aux prises avec le Hezbollah, au point d’avoir provoqué une réaction directe d’un Iran animé d’un sursaut d’orgueil, suite aux reproches de ses proxies pour son attentisme, la probabilité d’un embrasement régional est plus que jamais élevée. Malgré cette tournure apocalyptique des événements, Joe Biden maintient ses appels à la désescalade, invitant Benyamin Netanyahu à ne pas créer davantage de tensions, lesquelles pourraient conduire à une véritable guerre. Mais qui l’écoute du côté de Tel-Aviv ? Personne ! (Joe Biden est petit devant Netanyahu).
L’une des complexités de la situation actuelle est que l’on se demande qui dirige la Maison Blanche. Cette question, qui avait été posée par les Républicains il y a des mois, reste d’actualité aujourd’hui. En effet, l’incohérence affichée par Washington dans ses appels au cessez-le-feu et la poursuite de son aide militaire interpellent. Une possible explication serait que Old Joe ait perdu le contrôle de ses équipes depuis qu’il s’est déclaré inapte à présider, anéantissant ainsi le travail des collaborateurs qui, pendant longtemps, avaient réussi à dissimuler ses pépins de santé.
Un tel manque de cohésion au sein des rangs de l’allié américain est une aubaine pour un Benyamin Netanyahu prompt à déclencher le conflit dont il a toujours rêvé, et qui pourrait retarder l’échéance des comptes qu’il a à rendre aux Israéliens sur les responsabilités liées aux événements du 7 octobre dernier. Et même avant… Cependant, d’autres dirigeants occidentaux, qui ont soutenu les Israéliens au lendemain des attentats du Hamas, estiment que trop de sang a coulé, et rejettent l’argument du droit à la défense sur-utilisé comme justification pour la poursuite des combats.
Emmanuel Macron en fait partie, et l’a, d’ailleurs, réitéré, ce samedi, 5 octobre, au Grand Palais de Paris, tout en suggérant l’idée qu’un embargo en armes soit mis sur Israël, avant de se faire recadrer par le premier ministre israélien. Un communiqué de l’Elysée, suivi d’un appel téléphonique du président français, ont dû suivre pour calmer le jeu, surtout, à l’approche de l’anniversaire de ce sombre jour (7 octobre) pour le peuple juif. Benyamin Netanyahu a promis une riposte à l’Iran et l’exécutera certainement sans se référer à un Joe Biden, aujourd’hui, réduit à un rôle de fournisseurs d’armes.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)