A travers le pays, « la grève est suivie à 100%, il n’y a rien à dire », a affirmé Louis Mbemba Soumah, secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), une des coalitions ayant appelé à l’arrêt de travail, avec la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG, la plus importante du pays).
Ces centrales syndicales exigent, notamment, la baisse des prix des carburants et la satisfaction de revendications salariales.
Un déploiement policier important était visible à travers la capitale, notamment, sur les grands boulevards et devant des écoles et universités, publiques comme privées, qui n’ont pas ouvert lundi.
De même source, les routes de Conakry, habituées à une intense circulation avec de fréquents embouteillages, étaient désertées par les véhicules.
Dans les hôpitaux public, un service minimum obligatoire était observé, selon des syndicats du secteur de la Santé.
Les banques étaient fermées, comme les boutiques, commerces et marchés, dont celui de Madina, le poumon économique de la capitale, en banlieue. Seules quelques stations-services fonctionnaient dans le centre-ville. Certains axes, notamment, ceux menant de la banlieue au centre-ville, étaient fermés à la circulation pour les rares automobilistes qui ont tenté de s’y rendre.
Les transports en commun étaient, également, à l’arrêt, tant sur le réseau national qu’international, a indiqué Amadou Bah, chef de ligne à la gare routière de Bambéto (banlieue).
« Tant que nos patrons n’ordonnent pas l’ouverture de la gare, aucun véhicule ne partira d’ici, ni pour l’intérieur du pays ni pour les pays voisins », a-t-il affirmé.
A l’intérieur du pays, la même paralysie des activités était observée dans plusieurs grandes villes, notamment, Kankan (Est), N’Zérékoré (Sud), Labé (Nord), Mamou (Centre) et Boké (Nord-Ouest), ont indiqué des habitants joints par téléphone depuis Conakry.
« Nous avons fait des propositions, nous attendons du gouvernement des contre-propositions », a affirmé Mamadi Mansaré, porte-parole des centrales syndicales (notre photo montre Alpha Condé inquiet).
« La levée de la grève dépendra du gouvernement. Nous sommes très clairs. (…) S’il faut serrer la ceinture, que chacun serre la ceinture » et que « l’Etat baisse son train de vie, a ajouté M. Mansaré.
Le porte-parole du gouvernement, le ministre, Albert Damantang Camara, a invité les grévistes à prendre en compte les difficultés économiques de la Guinée, un des trois pays ouest-africains les plus éprouvés par la récente épidémie d’Ebola.
« Arrêter le travail, c’est ne pas permettre encore une fois à notre économie d’assurer sa résilience après les deux années très difficiles que nous venons de vivre qui sont dues à la crise Ebola et à la récession économique qu’elle a engendrée », a déclaré M. Camara.
« En l’état actuel de nos finances, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre le peu de recettes que nous avons et qui sont constituées par la taxe sur les produits pétroliers », d’autant qu’en raison d’Ebola, « les investissements ont été ralentis », a-t-il dit.
La Guinée est sortie, le 29 décembre, de cette épidémie, apparue, fin 2013, dans le Sud du pays et qui s’est, ensuite, étendue à des Etats voisins. En deux ans, la flambée a fait plus de 11.300 morts pour quelque 28.000 cas recensés, essentiellement, en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Avec AFP