Le 11 septembre 2024, le narco-président créait la surprise en annonçant ne pas vouloir briguer un second mandat présidentiel. Quelque jours plus tard, il rebroussa chemin évoquant une réunion tenue avec ses partisans au cours de laquelle ils l’auraient convaincu de se présenter à nouveau. Même s’il continue sciemment d’entretenir le doute sur le sujet, ses actions sont lourdes de sens. En effet, il vient de reporter l’organisation des élections législatives, prévues ce mois de novembre, à une date indéterminée, pour des motifs d’ordre financier et logistique.
En déclarant conjointement avec son ministre de l’Administration territoriale que le scrutin législatif ne pouvait pas avoir lieu, le narco-président a acté la prolongation de son bail à la tête de l’Etat. Elu en fin 2019 pour une durée de 5 ans, il devait, à pareil moment, être en train d’expliquer aux Bissau-Guinéens en quoi ses voyages à l’étranger ont aidé à améliorer la situation socio-économique nationale, laquelle s’est bien empirée depuis son arrivée au pouvoir.
Ni la lutte contre la corruption, ni celle contre le trafic de drogues, toutes deux brandies comme slogans de campagne électorale, n’ont porté de fruits. Une désillusion qui avait même discrédité les soutiens à l’étranger du narco-trafiquant, dont Emmanuel Macron, qui en 2022, s’était facilement laissé embobiner par les intentions fleuries de son homologue pour son pays, et l’avait félicité pour les efforts menés contre les stupéfiants. Mais, le coup de filet des 2,6 tonnes de cocaïne saisis (notre photo), en Guinée-Bissau, le 7 septembre dernier, avait laissé Macron bouche bée.
Tous les regards suspicieux s’étaient alors tournés vers le narco-président-voyageur, puisqu’il contrôle tous les axes d’entrée et de sortie de la nation. Dépassé par les événements, celui-ci n’avait même pas eu la vivacité d’esprit de tenter de brouiller les pistes en se créditant de la réussite de cette opération, réalisée avec le concours d’enquêteurs américains spécialisés. S’il était exempt de tout reproche, il aurait rapidement effectué un post digne de ce nom sur ses comptes de réseaux sociaux, comme il le fait habituellement pour chacun de ses périples inutiles à l’étranger.
Le renvoi des élections législatives à une date ultérieure couplé à la saisine de ce volume historique de stupéfiants interroge sur l’existence d’une corrélation entre ces deux événements. Serait-il possible que l’argent découlant de la vente de cette drogue devait servir de base de financement aux scrutins à venir ? Ce qui expliquerait que les caisses soient vides malgré l’établissement longtemps en avance du calendrier électoral. Tout est possible quand un protagoniste au double langage comme le narco-président traîne dans les parages.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)