Depuis son coup de force du 30 novembre 2023, qui avait conduit à la dissolution du Parlement bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo vit dans une certaine quiétude. En effet, il était parvenu à renvoyer le gouvernement contrôlé par l’opposition, afin de préserver ses chances de réélection le moment venu.

En agissant de la sorte, il marquait alors son appartenance au club très fermé des leaders d’Afrique de l’Ouest, donneurs de leçons mais adeptes reconnus d’entorses portées à la démocratie, et constitué de caciques comme Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Patrice Talon du Bénin (qui envisage de briguer un troisième mandat qui lui est interdit, si l’opposition béninois le laisse faire). Leur camarade, Macky Sall, lui, n’a pas pu croquer l’os (PASTEF) qui s’est retrouvé sur son chemin, et a dû, malgré lui, quitter le pouvoir le 2 avril dernier. A regret.

Déçu d’apprendre que celui dont il était le seul dirigeant au monde à soutenir l’inexplicable décision de reporter la présidentielle du Sénégal avait été désavoué par la Cour suprême, Umaro Sissoco Embalo a tout de même pu se réjouir de la condamnation aux Etats-Unis, en début mars, de Malam Bacai Sanha Junior, le fils de l’un de ses prédécesseurs, pour trafic de drogue en vue de financer un coup d’état (voir la photo de Umaru Sissoco Embalo, l’homme qui passe son temps à voyager pour son propre et unique plaisir sans aucun bénéfice pour le pays).

Utilisateur assidu du réseau social, X (ex-Twitter), le président bissau-guinéen ne rate jamais une occasion d’informer son public de ses rencontres officielles, notamment, ses innombrables voyages à l’étranger, qui sont bien plus nombreux que ceux d’un ministre des Affaires étrangères, et poussent à se demander s’il cumule, également, ce poste gouvernemental.

Si au moins ces visites officielles étaient bénéfiques pour les Bissau-Guinéens, elles se justifieraient. Mais, c’est loin d’en être le cas puisque la Guinée-Bissau figure toujours parmi les nations les plus pauvres et corrompues du monde. Depuis le début de l’année, Umaro Sissoco Embalo s’est, déjà, rendu sept fois à l’étranger. Cela fait un peu plus de trois semaines de tourisme sur les trois premiers mois de l’année. A croire qu’il manque de travail dans son bureau ou bien il est piqué par le virus de la bougeotte qui fait que rester un mois dans son pays sans se rendre à l’étranger, lui donnerait un mal que même la médecine nucléaire chinoise ne pourrait pas le guérir.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)