GUINEE EQUATORIALE : Mention Très Honorable pour Sipopo, on voit comment l’argent du pétrole travaille

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« C’est absolument fantastique, je n’avais jamais vu ça dans la région », s’exclame un conseiller d’un ministère d’Afrique centrale venu pour une réunion régionale et tout juste débarqué dans la capitale de la Guinée équatoriale. Doyen des chefs d’Etat d’Afrique, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a une vision futuriste de son pays. Bata, la capitale économique et Malabo, la capitale politique, sont des villes où il n’est pas rare de voir une route à double sens se perdre en pleine brousse sur des kilomètres, avec éclairage, points d’eau et de télécommunications tout autour. De la folie ? Que Non ! Non opérationnelles, aujourd’hui, ces infrastructures le seront demain et après-demain quand le besoin s’en fera sentir. Si un Equato-Guinéen veut construire hors de la ville, il sera encouragé par le fait qu’il n’aura aucune difficulté à y trouver une route bitumée, de la lumière, de l’eau et un système de télécommunication qui ne demandera qu’à être connecté. Qui dit mieux en Afrique ? C’est aussi dans cet esprit que Sipopo a été bâti.

Les Occidentaux, disons-le clairement, n’apprécient pas. Au lieu d’accompagner cette vision du président équato-guinéen, ils la combattent sous plusieurs formes dont sa façon d’apprécier la démocratie et les droits de l’homme, qui selon eux, seraient bafoués en Guinée équatoriale. Mais, le comportement des Occidentaux à l’endroit le président Obiang s’explique par le fait que partout ailleurs, en Afrique centrale, où le pétrole coule, aussi en millions de barils, les infrastructures sont introuvables comme en Guinée équatoriale. Et le président équato-guinéen ne s’en cache pas avec son légendaire franc-parler : « Ils m’en veulent parce que j’ai réussi à montrer aux Africains ce qu’on peut, réellement, faire de nos matières premières, quand on aime son pays ».

Le long des seize km d’autoroute qui relie Malabo à Sipopo, le paysage est une émerveille. Une de plus car dans la Guinée équatoriale de « Senior Presidente », il n’y a que des merveilles. Des ministères ultra-modernes, des sculptures spectaculaires, des logements sociaux flambant neufs défilent, sur tout le parcours.

Sipopo est né pour accueillir le 17e sommet de l’Union africaine, fin juin 2011. Un Sommet consacré, essentiellement, sur le dossier libyen et l’avenir de Mu’ammar al Kadhafi. Avant, à Sipopo, il n’y avait que de la forêt; deux ans de travaux et 600 millions d’euros ont suffi à transformer la zone en un écrin doré. C’est du Obiang tout cru. « Senior Présidente » !

Quand on observe et écoute le président Obiang, il y a du Kadhafi en lui. Sauf que lui, contrairement, au feu Frère Guide, n’a, jamais, fait exploser un avion commercial en plein vol. Mais, on reconnaît chez les deux hommes d’Etat la volonté de favoriser le panafricanisme et d’unir l’Afrique, ce qui autoriserait les Africains à devenir maîtres de leur destin. Sans ingérence extérieure notamment occidentale.

Sipopo compte 52 villas pour les présidents -toutes équipées de piscine-, un monumental centre de conférence, un hôtel de luxe avec golf et une gendarmerie.

Un projet pharaonique, décrié à l’époque. Mais qui fait la fierté des rares Africains qui y mettent les pieds. Rares Africains car le point faible de la Guinée équatoriale, c’est de ne pas savoir se vendre à l’international.

Car une fois que « Senior Presidente » a convaincu les Africains du bien fondé de sa politique et que les Africains ne suivaient plus les Occidentaux qui le traitent de « dictateur », et qu’ils le considèrent, plutôt, comme un grand bâtisseur, « Senior Presidente » a baissé la garde. Et du coup, son image recommence à être à nouveau vilipendée sur le plan international et même en Afrique. Dans ce cas, le touriste n’a pas envie d’aller y faire un tour et voir les constructions qui faisaient qu’en 2007, le ministre des Infrastructures gérait près de 700 chantiers gouvernementaux. Pour le rencontrer dans son bureau, il fallait, parfois, l’intervention du premier ministre. D’ailleurs, il préférait donner des rendez-vous sur des chantiers en marge de la visite de ceux-ci. Du rarement vu ailleurs.

Les Equato-Guinéens sont fiers de leur pays et de ce que leur président a pu faire pour les sortir de l’anonymat. En Afrique centrale, personne n’ose plus se moquer d’eux. Ils sont considérés comme des ressortissants de l’émirat du Golfe de Guinée où on espère se rendre pour faire fortune.

Bien que Malabo connaisse une surcapacité hôtelière que lui envient bien de capitales africaines, l’hôtel 5 étoiles de Sipopo accueille de grands événements. Il avait, par exemple, accueilli des équipes de football africaines, lors de la Coupe d’Afrique (CAN) qu’organisait Malabo en 2015, ou encore, Julio Iglesias, venu pour un concert en 2012.

Tout est prévu pour accueillir les touristes : un centre commercial en brique rouge a été construit, en 2014, pour abriter 50 magasins, un bowling, deux salles de cinéma (les seules de l’Afrique centrale) et un espace de jeu pour enfants.

Pour se restaurer, un complexe abritant plusieurs restaurants a été aménagé.

Un hôpital a, aussi, été construit, juste après les villas présidentielles.

L’une de ces villas avait accueilli l’ex-président gambien, Yahya Jammeh, au moment où il avait été contraint de fuir son pays en 2015. Actuellement, Yahya Jammeh qui avait accepté l’organisation d’une présidentielle transparente qu’il avait perdue, s’épanouit, aujourd’hui, en Guinée équatoriale où il passe du bon temps dans ses plantations. Peut-être écrit-il, aussi, ses mémoires ?

Ainsi va la vie dans la belle station balnéaire de Sipopo, une belle création de « Senior Presidente » dans sa vision futuriste dont lui seul a le secret.

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