Le colonel, Mamadi Doumbouya, l’avait déjà annoncé aux émissaires de la CEDEAO, venus, précipitamment, à Conakry, le rencontrer, après l’éviction de leur collègue et homologue, Alpha Condé, du pouvoir pour cause de mal-gouvernance et de 3e mandat non autorisé. Il s’agissait de Nana Akufo-Addo, président du Ghana et président en exercice de la CEDEAO, et surtout, du président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui, comme Alpha Condé, a brigué un troisième mandat auquel il n’a pas droit. Le message du colonel Doumbouya était clair : les décisions des militaires n’allaient nullement être téléguidées de l’extérieur et seraient le reflet des souhaits du peuple guinéen. Depuis, c’est cette ligne de conduite qui prévaut dans la gouvernance des militaires. C’est ainsi que samedi, 30 avril, ils ont annoncé une transition de 39 mois. Ni plus ni moins alors que la CEDEAO, de façon purement administrative et très politicienne, souhaite le retrait rapide des militaires du pouvoir. La Guinée s’aligne sur le Mali qui avait envisagé une transition de cinq ans maximum et sur le Burkina Faso qui ne veut rien faire en deça de trois ans. Cette proposition des militaires guinéens sera soumise au Conseil national de la transition (CNT) qui fait office de parlement, et qui, nul doute, l’avalisera haut la main.
Dans un discours à la nation, le chef de l’Etat, Mamadi Doumbouya, a annoncé une transition de 39 mois. Cette proposition retenue par le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) à l’issue de nombreuses discussions avec divers acteurs sera soumise à l’approbation du parlement de transition (CNT).
« De toutes les consultations engagées à tous les niveaux depuis le début de la Transition, avec toutes les composantes de la nation, auprès de tous les Guinéens partout où ils se trouvent, il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la Transition de 39 mois » , a déclaré le chef de la junte militaire.
Récemment, la CEDEAO avait sommé les militaires de dévoiler le chronogramme clair et précis de la transition au risque d’être sanctionné. Les militaires avaient demandé plus de temps pour agir. D’où les 39 mois qui, certainement, vont faire grincer les dents au niveau de la CEDEAO. On se souvient que lors de leur visite du 17 septembre 2021, à Conakry, les présidents, Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo, avaient exigé une transition de six mois en Guinée. Ce à quoi le colonel Doumbouya avait retorqué : « Seul le peuple souverain de Guinée décidera de son sort ». On y est !