IMMIGRATION : Mention « BIEN » à Macron « Mauvais point » à Retailleau

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Depuis l’entrée en service du gouvernement Barnier, il y en a pratiquement que pour Bruno Retailleau. Ce n’est pas que ses autres collègues ne fassent pas parler d’eux, mais, l’ancien chef des sénateurs républicains s’était, tellement, distingué par le passé qu’il se sait très attendu au pied du mur, maintenant qu’il est Place Beauvau. Resté égal à lui-même, il tient un discours qui a de quoi (profondément) diviser la France. Et pour dire vrai, son discours divise.

Le ministre de l’Intérieur a estimé, il y a quelque temps, que l’immigration n’était «pas une chance» pour la France. Vraiiiiiment ? Vivons-nous dans le pays ? Si oui, le ministre a-t-il assisté aux JO Paris 2024 ? On pense que Non sinon il aurait pu regarder les prouesses des équipes de France où deux médaillés français sur trois étaient des Noirs ou issus de l’immigration. Bruno Retailleau a-t-il regardé l’euro de football cet été ? Certainement Non. Si oui, il aurait constaté que Didier Deschamps ne tremblait pas quand il fallait aligner huit joueurs noirs ou issus de l’immigration sur onze entrants. On peut continuer ainsi l’énumération des performances des « immigrés » (ce terme est impropre) dans des secteurs comme l’enseignement, le bâtiment, l’agriculture, l’industrie, les services à la personne, etc, etc. Bref, le ministre a TORT de déclarer que l’immigration n’est « pas une chance » pour la France.

Et, de son côté, le président, Emmanuel Macron est bien fondé à dire que les propos du ministre de l’Intérieur sont «en contradiction (…) avec la réalité» (sur notre photo du conseil des ministres, Bruno Retailleau est à gauche d’Emmanuel Macron).

Qu’en pense le premier ministre, Michel Barnier ? Pour l’avenir, ce n’est pas une mauvaise chose de choisir un ministre de l’Intérieur, qui a beaucoup voyagé, qui connaît les réalités du monde, surtout, celui d’où viennent les immigrés. Quand on nomme ministre de l’Intérieur quelqu’un qui ne connaît que l’Europe et l’Amérique du Nord et très (très) peu ou presque pas du tout l’Afrique noire et maghrébine, on n’est pas, forcément, bien placé pour apprécier le job car on est enfermé dans les seules réalités occidento-occidentales. Alors que la France, dans la pratique, est un grand pays ouvert au monde.

Pour le président de la République, «Les binationaux sont des millions dans notre pays, les Français issus de l’immigration au moins autant. C’est notre richesse, c’est une force». Et de continuer : «La difficulté du moment, c’est comment on arrive à lutter contre les trafiquants d’êtres humains, ces filières d’immigration clandestine». Pour le chef de l’Etat, qui faisait notamment référence au droit d’asile, il faut que «le pays qui accueille garde son hospitalité et que ceux qui sont accueillis (soient) bien accueillis, c’est-à-dire, qu’ils (puissent) avoir des conditions matérielles, éducatives qui font qu’ils peuvent bâtir leur vie».

Emmanuel Macron conclut : «Est-ce que l’immigration c’est mauvais ? La réponse est non. Ça dépend. Est-ce que l’immigration du continent africain, elle est mauvaise en général ? En vrai, pas totalement» ? Et d’enfoncer le clou : «Le continent africain, honte à nous, touche aujourd’hui plus par les retours privés des immigrés en Europe que par l’aide publique au développement des Européens. Tout cela est beaucoup plus complexe qu’on ne veut le dire». Il faut ajouter que contrairement au discours qui prône la baisse de « l’aide » aux pays exportateurs de migrants, il faut se demander de quelle aide il s’agit ? Cette aide a déjà développé quel pays ? La couper totalement (quand elle existe) fera quoi à qui ?  « L’aide » est un discours parisien, voire, franco-français d’hommes politiques qui parlent d’immigration sans connaître, parfois, ce que cela recouvre.

Le gouvernement de Michel Barnier avec Bruno Retailleau à sa gauche.

Bruno Retailleau, qui a la même vision de l’immigration que le Rassemblement national (qui n’a jamais géré l’Etat français d’où son radicalisme) a fait de la lutte contre l’immigration sa priorité. Il a annoncé son intention de rétablir un délit de séjour irrégulier, d’étendre le délai en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière jusqu’à sept mois, ou encore, de renforcer les contrôles aux frontières, «notamment sur des points névralgiques», et de réduire les droits sociaux des immigrés pour rendre la France moins attractive. Des mesures radicales les unes plus que les autres sont à venir même si elles peuvent s’avérer anti-constitutionnelles.

Il faut ajouter pour terminer que ces mesures, du reste, très impopulaires, rendent les Français (de l’étranger), qui ont choisi de vivre dans les pays concernés, très mal à l’aise. Très souvent, ils passent leur temps à s’expliquer sur le mal-fondé du gouvernement français à prendre de telles mesures, ce qui leur enlève une certaine joie de vivre dans leur nouvel environnement.

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