Le roi de Krindjabo, capitale du royaume du Sanwi, dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire, va faire un don pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui vient de brûler. Il explique ce geste par le fait que Louis Aniaba, un prince du royaume, y avait été baptisé dans les années 1700. Doit-on pleurer ou se réjouir de l’initiative de ce roi ivoirien ? Car au-delà de la personne de ce roi, la question se pose à l’ensemble des Africains qui envoient des milliers de témoignages (de toutes natures), dans les réseaux sociaux, pour signifier leur émotion, mais, une émotion qu’ils se gardent de faire preuve quand un pays africain est affecté par un sinistre similaire. Ils restent, tout simplement, motus et bouche cousue. La bêtise ?
Que les catholiques (et généralement les Français) nous pardonnent. Mais, notre premier rôle à Afrique Education est de faire prendre conscience aux Africains dont certaines attitudes interrogent. Voilà un roi dont on n’a pas entendu parler quand le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe, après une semaine d’intenses pluies, en mars dernier, ont additionné plus d’un millier de morts, des dégâts matériels évalués à plus de deux milliards de dollars, et des centaines de milliers de sinistrés, selon les chiffres des Nations-Unies (notre photo). Aucun roi de Côte d’Ivoire ou de nulle part en Afrique, ne s’est ému. Mais, il a suffi que Notre Dame de Paris brûle pour que les bonnes âmes généreuses de Côte d’Ivoire et d’ailleurs en Afrique, affichent leur générosité sur les réseaux sociaux et dans les médias.
On a besoin de dire à ces « âmes généreuses », que les pays africains, très souvent, sinistrés ont beaucoup plus besoin de leurs aides et de leur compassion, que la Ville de Paris et l’Eglise catholique de France, du reste, l’une des plus riches du monde. A la cathédrale de Paris, il n’y a pas eu mort d’homme. Mais, au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi, on a compté au bas mot, 1.000 morts. Dans l’indifférence générale des Africains qui crient aujourd’hui leur émotion. Une émotion sélective qui devrait être (sérieusement) étudiée par les psychanalystes.
Nous déplorons tous, et avec sincérité, que Notre Dame de Paris ait brûlé. Mais, en l’espace de douze heures, des donateurs français de Français, ont, déjà, annoncé plus de 500 millions d’euros de dons. Pour sa reconstruction et sa restauration. Sans compter ce qui arrivera d’ailleurs (ou plus tard d’autres donateurs de France) sans parler de la grande conférence des donateurs que la maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaite rapidement organiser.
« Je suis en pleine consultation avec mes notables, nous allons faire un don pour la reconstruction de ce monument », a déclaré le roi Amon N’Douffou V. Le souverain du royaume akan poursuit : « Les images (de l’incendie) ont troublé mon sommeil et je n’ai pas pu passer la nuit, car cette cathédrale représente un lien fort entre mon royaume (le Sanwi, un protectorat français depuis juillet 1843) et la France ». C’est sans commentaire !
Pour revenir aux fortes pluies qui venaient d’endeuiller le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe, le roi, Amon N’Douffou V, peut, toujours, faire un don. Car il n’est, jamais, trop tard pour bien faire.