ITALIE-TUNISIE : L’entêtement de Giorgia Meloni sur la sous-traitance migratoire

Date

Giorgia Meloni continue de s’entêter sur le dossier des départs de migrants vers l’Europe à partir des côtes tunisiennes. Malgré qu’elle, Mark Rutte et Ursula von der Leyen, tous deux appelés en renfort, aient été tournés en bourrique par Kaïs Saïed, la première ministre italienne s’est quand même rendue hier à Tunis pour tenter de convaincre le président tunisien. Un refus de s’avouer vaincue qui commence à exaspérer tout le monde, autorités tunisiennes et défenseurs des droits humains confondus.

La capacité de Giorgia Meloni de dire une chose et d’en faire une autre a décidément la peau dure. En effet, on se souvient du Sommet Afrique-Italie de fin janvier au cours duquel la cheffe du gouvernement transalpin arguait que le meilleur moyen de s’attaquer aux réseaux clandestins était d’accompagner l’Afrique dans son développement. Si tel est donc le cas, comment se fait-il qu’elle soit toujours disposée à dépenser des centaines de millions d’euros pour une initiative qui n’a jamais fait ses preuves, et qui est décriée sur le plan humanitaire ?

La dirigeante italienne d’extrême-droite ne se doute-t-elle pas que Kaïs Saïed, avec qui elle désire tant coopérer, a, lui-même, déjà, tellement de problèmes à gérer, comme la situation économique nationale qui pique du nez ou la détérioration de l’image de la Tunisie dans le monde, qui apparaît, aujourd’hui, comme un pays, ouvertement, raciste, au regard des multiples vidéos documentant le refoulement dans le désert de milliers de migrants subsahariens par les populations tunisiennes. A croire que ces dernières ne s’adonnent pas à la clandestinité migratoire.

D’ailleurs, le 9 avril, un vaste réseau de passeurs de migrants tunisiens, avec des ramifications s’étendant jusqu’en Serbie, a été démantelé par les autorités françaises. Selon des sources internes, ce réseau recourait à des envois DHL pour acheminer les passeports des ressortissants tunisiens vers la région d’Ile de France, qui était la destination finale de ces migrants. Donc, financer la sous-traitance migratoire en Tunisie reviendrait à alimenter de facto le trafic illicite de migrants tunisiens vers la France, sans pour autant avoir la certitude de réduire les arrivées indésirables sur la péninsule d’Italie.

Même si Giorgia Meloni a toutes les raisons du monde d’en vouloir à Emmanuel Macron, qu’elle a accusé à maintes reprises d’être en partie responsable du problème migratoire qu’elle subit de plein fouet, il serait contre-productif de chercher à se venger de la sorte. Voilà pourquoi l’Italie, tout comme le reste du bloc européen, devrait se détourner de toute solution de sous-traitance migratoire, et privilégier une approche génératrice de valeur ajoutée pour le continent africain.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier