Wlliam Ruto plaît beaucoup aux politiques américains, démocrates et républicains confondus. Suffisamment rare pour être relevée, surtout lorsqu’il s’agit d’un Africain, cette singularité pourrait conduire à ce que le président kényan soit invité à s’exprimer au Congrès ce mois-ci. Un honneur auquel aucun Africain n’a plus eu droit depuis Ellen Sirleaf-Johnson il y a 18 ans.

Ne jouissant pourtant pas d’une cote de popularité comparable à celle de l’ancienne chef d’Etat du Libéria, William Ruto peut, allègrement, se vanter d’avoir des admirateurs dans les deux camps au pays de l’Oncle Sam. Une véritable prouesse en soi quand on sait que les points de discorde entre démocrates et républicains risquent souvent de paralyser tout le gouvernement américain.

Côté républicain, le chef de l’Etat du Kenya a séduit, notamment, en adoptant des mesures visant à réduire drastiquement le niveau des dépenses publiques tout en accroissant les recettes étatiques. Selon lui, cette politique budgétaire restrictive, qui déplait fortement aux Kenyans, est nécessaire pour relancer l’économie nationale, qui croule sous un niveau d’endettement élevé .

Pour les démocrates, la disposition de William Ruto à servir de vassal de Joe Biden pour le rétablissement de l’ordre à Haïti a beaucoup plu aux ténors du parti. A tel point que pour avoir accepté de s’occuper de ce dossier à la place de Washington, engagée sur d’autres fronts, Nairobi a eu le droit de fixer son prix. Le genre de choses à ne pas dire deux fois au dirigeant kényan !

En faisant consensus chez les politiques américains, William Ruto apparaît comme le nouveau chouchou des Etats-Unis en Afrique. Ces derniers, en perte de vitesse sur le continent à cause de la Russie et de la Chine, semblent avoir cerné l’importance de revoir leur stratégie africaine. On attend maintenant de voir ce que le Kenya pourra tirer comme profit des yeux doux que lui font les Etats-Unis., en ce moment.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)