On n’en parle pas suffisamment, mais, le Kenya fait partie des pays les plus corrompus d’Afrique. La corruption touche, absolument, tous les secteurs de la vie nationale, ainsi que, le sport de haut niveau. Dernière source d’inquiétude : le Kenya est dans le collimateur de l’IAAF (Fédération internationale d’athlétisme), surtout, de l’AMA (Agence mondiale antidopage). Fort de cette situation pas des plus réjouissantes, le président, Uhuru Kenyatta, prend-il le taureau par les cornes ?
Toujours est-il qu’il a remanié son gouvernement, mardi, 24 novembre, soir, en démettant de leurs fonctions, cinq ministres impliqués dans des scandales de corruption, en réponse aux critiques, de plus en plus, virulentes sur le niveau de corruption dans le pays.
Les cinq ministres concernés avaient été écartés, temporairement, en mars – tout en continuant à recevoir leur salaire (ce qui est un scandale) -, après avoir été cités dans un rapport de la Commission éthique et anticorruption (EACC).
Il s’agissait des ministres de l’Agriculture, de la Pêche et du développement de l’élevage, Felix Koskei, de l’Infrastructure et des Transports, Michael Kamau, de l’Energie et du Pétrole, Davis Chirchir, du Travail, Samuel Kazungu Kambi, et des Terres, du Logement et du Développement urbain, Charity Ngilu. Un véritable coup de pied dans la fourmilière de voleurs du gouvernement.
En annonçant le remaniement, le président Kenyatta, qui a, déjà, effectué plus de la moitié de son premier mandat de cinq ans, a estimé qu’il « ferait en sorte que ceux en charge de fonctions publiques rendent des comptes ».
Cette décision fait suite à la démission, samedi, officiellement, pour raisons de santé, d’une autre ministre au cœur d’un scandale, Ann Waiguru, en charge de la Décentralisation et de la Planification.
Une enquête parlementaire dans son ministère, où les fonctionnaires sont soupçonnés de gonfler, démesurément, leurs dépenses, avait révélé, entre autres, l’achat d’une télévision pour 17.600 dollars (15.900 euros) ou d’un simple stylo pour 85 dollars (79 euros).
Lundi, le président Kenyatta avait annoncé une série de mesures destinées à lutter contre la corruption. Il avait estimé que celle-ci était une menace à la sécurité nationale et avait appelé les leaders religieux à en faire un « péché contre Dieu et l’humanité ».
A la mi-novembre, une dizaine d’ambassadeurs des principaux bailleurs de fonds du Kenya – dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne, la France, l’Allemagne et le Japon – avaient estimé que la corruption « compromet(tait) » l’avenir du pays en menaçant sa croissance économique et sa sécurité.
Dans l’Indice de perception de la corruption 2014 de l’ONG Transparency International, le Kenya est classé 145e sur 174 pays.
Au Kenya, un mandat électif est souvent perçu comme un moyen d’enrichissement personnel.
En juillet, un rapport du contrôleur général du Kenya avait jeté une lumière crue sur l’ampleur de la corruption qui gangrène le pays : à peine 1% des dépenses du gouvernement y répondent aux règles comptables.
Avec AFP