KENYA : William Ruto et Gautan Adani veulent faire taire un lanceur d’alerte (anti-corruption)

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Alors qu’il pensait agir dans l’intérêt de tous les Kenyans, Nelson Amenya s’est plutôt attiré les foudres des autorités de son pays et de leur partenaire indien, le groupe Adani. En cause, la dénonciation sur son compte X (ex-Twitter) du contenu des accords entre les deux parties, longtemps, resté confidentiel, malgré les demandes de transparence de l’opposition kényane.

Dans la publication sur son réseau social en juillet dernier, l’activiste kenyan, qui étudie actuellement en France, critiquait les deux contrats octroyés par William Ruto et ses équipes au milliardaire indien, Gautan Adani, pour une valeur de 2,5 milliards de dollars portant sur le réaménagement du terminal de l’aéroport Jomo Kenyatta et la construction d’une nouvelle piste.

Mais, ses préoccupations avaient été ignorées par le régime de Nairobi à cause des dessous de table entre William Ruto et Gautan Adani (notre photo). Ce dernier est d’ailleurs recherché depuis fin novembre par les autorités de Washington DC pour des faits de corruption impliquant des capitaux américains, qui auraient été utilisés pour acheter des marchés publics auprès de New Delhi. Ce qui permet d’avoir une idée assez claire sur l’origine de son immense fortune.

Ce n’est qu’après l’émission d’un mandat d’arrêt international par les Etats-Unis contre ce proche du premier ministre indien, Narendra Modi, le mois dernier, que William Ruto s’est empressé d’annoncer la non-signature desdits contrats, le but étant de couvrir ses arrières. Cependant, ce lâchage public à l’égard de Gautan Adani n’était qu’une façade puisque les deux acolytes se seraient ensuite entendus pour se venger de Nelson Amenya.

Afrique Education annonçait, dans son numéro double 539-540 actuellement en kiosque, que l’annulation de ces accords était une pilule difficile à avaler pour le dirigeant kényan, qui a révélé un amour pour l’argent suffisamment fort pour le pousser à risquer de faire entrer son pays dans une guerre civile. Nelson Amenya ne doit, en aucun cas, servir de sacrifice pour ce genre d’individus, qui sont passibles d’abus de confiance envers leurs administrés.

Le lanceur d’alerte anti-corruption Nelson Amenya pourchassé par le couple Ruto-Adani.

C’est une bonne chose qu’il ait publié sa dénonciation depuis l’étranger. Car Nairobi privilégie désormais ses relations extérieures à toute considération en matière de droits humains. Elle est soupçonnée d’avoir enlevé Kizza Besigye, un opposant ougandais présent sur son territoire et de l’avoir remis à Kampala, entre autres, en guise de remerciements du soutien de celle-ci à la candidature de son ancien ennemi, Raila Odinga, à la tête de la Commission de l’Union africaine.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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