La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est sous assistance respiratoire. Son incapacité à gérer convenablement les crises dans ses Etats membres l’a décrédibilisée au point de la faire passer, aujourd’hui, pour un vassal de premier rang des forces néo-colonialistes, telles que la France. Alors que plusieurs voix africaines réclament son démantèlement, d’autres proposent plutôt qu’elle soit entièrement réformée, afin d’être en phase avec les intérêts des Africains. C’est un objectif que peut bien l’aider à atteindre le lancement prochain de l’éco.
Annoncée depuis jadis par l’organisation ouest-africaine, puis, torpillée sciemment en plein vol par le duo Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, le plus français de tous les présidents africains, la monnaie « eco » a survécu, et figurerait parmi les objectifs de court terme des dirigeants de l’Afrique de l’Ouest. En effet, ces derniers auraient prévu de la lancer en 2027. De quoi ravir les nombreux activistes en matière de souveraineté monétaire en Afrique, dont le mensuel, Afrique Education (sur notre photo les présidents français et ivoirien à Abidjan en décembre 2019 pour saboter le lancement de l’eco).
Afrique Education s’est longtemps alarmé du sabotage de l’éco par les présidents, Macron et Ouattara, tous deux garants du système de braconnage imposés aux nations d’Afrique centrale et de l’Ouest, via l’obligation pour elles de maintenir leurs réserves de change dans les coffres-forts du Trésor français, et leur dépendance vis-à-vis de celui-ci en termes de mise à disposition de dénominations du F CFA. Dépourvus de tout bon sens, ces services non gratuits ont contribué à maintenir une emprise sur tous ces pays, dans le plus grand dam de leurs populations.

Après autant d’années d’indifférence face aux critiques qui lui ont été adressées pour sa mauvaise gouvernance, la CEDEAO devra beaucoup se déployer pour se racheter une image auprès des Africains. Le lancement de l’éco, et accessoirement, la mise à mort du F CFA, ne sera qu’un début. Ce n’est qu’ainsi que des initiatives comme celles des présidents ghanéen et sénégalais à l’endroit de leurs voisins de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) trouveront un sens. Et puis, attendons déjà de voir comment l’instance sous-régionale traitera le dossier d’Umaru Cissoko Embalo, qui, sans transition, est passé de donneur de leçons à bafoueur de règles démocratiques. Le comble si la CEDEAO laisse faire…
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)