Après avoir, volontairement, retardé la tenue des élections législatives afin de permettre à la CEDEAO et aux chefs d’Etat de Guinée et du Ghana, de mener une facilitation visant à rapprocher les deux camps politiques (opposition et majorité présidentielle), le gouvernement vient de prendre ses responsabilités en fixant la date des élections législatives le 20 décembre prochain. Cette date qui avait permis pendant plusieurs mois aux négociations de se faire ne tombe pas, aujourd’hui, comme un cheveu dans la soupe : elle avait été avancée par le gouvernement comme hypothèse de travail pour permettre à la classe politique de se préparer à ces législatives. L’opposition n’y avait, d’ailleurs, opposé aucune objection. Comme d’habitude, elle a attendu le dernier moment pour signifier son désaccord avec une argumentation fallacieuse, qui montre une certaine mauvaise foi à l’endroit de la CEDEAO et des deux chefs d’Etat facilitateurs. La balle étant, désormais, dans son camp, à elle de se déterminer si elle va y participer ou les boycotter sachant que ce n’est pas pour autant que la bonne marche du pays vers l’émergence économique en sera affectée.
Le gouvernement togolais a, donc, confirmé la tenue des législatives le 20 décembre prochain, contrairement aux souhaits de l’opposition, mais conformément, aux recommandations des chefs d’Etat de la région.
« Le recensement électoral tel que recommandé par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) réalisé du 1er au 25 octobre 2018 étant terminé, le corps électoral est à présent connu et peut donc être convoqué », indique un communiqué du Conseil des ministres publié jeudi, 8 novembre, soir. « Ainsi, le corps électoral est convoqué le 20 décembre 2018 », ajoute le texte.
La coalition de 14 partis politiques à l’origine des manifestations qui secouent le pays depuis plus d’un an dénonce des irrégularités dans l’organisation du scrutin et conteste la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elle dit, également, craindre des fraudes. La question est de savoir s’il faut attendre qu’elle cesse de craindre les fraudes pour organiser l’élection ou bien c’est à elle de s’organiser pour mettre ses représentants dans chaque bureau de vote afin d’assurer le bon comptage des bulletins ? L’opposition togolaise est réputée fuir devant ses responsabilités.
Elle fait, toujours, le mauvais choix qu’elle assume rarement.
Elle avait refusé de siéger à la Commission électorale car seuls quatre de ses représentants sur les cinq prévus par la feuille de route de la CEDEAO avaient été nommés. La coalition avait, déjà, appelé la population à boycotter le recensement électoral qui a pris fin le 25 octobre. Quand, tardivement, elle va se décider d’aller aux élections, ce sera sans la participation de certains de leurs électeurs qui auront suivi son mot d’ordre de boycott. Conclusion : on peut dire sans risque de se tromper que l’opposition togolaise, et ce depuis de très longues années, ne sait pas sur quel pied danser. Pour certains observateurs, elle est l’opposition la plus bête de la CEDEAO.
Elle exige, aussi, l’arrêt du processus électoral, la recomposition du bureau de la Commission électorale et une meilleure représentation au sein de celle-ci. Mais a-t-elle conscience que pour une élection qui se tient le 20 décembre, de telles injonctions sont, tout simplement, irréalistes ?
Les leaders de ce regroupement ont annoncé, jeudi, 8 novembre, soir, dans un communiqué une « grande marche » à Lomé le 17 novembre. Ca (les marches), elle sait faire avec des succès de plus en plus mitigés. En réalité, la population est fatiguée d’une guerre entre la coalition de l’opposition et la majorité présidentielle, qui n’en finit pas de durer. Alors même que certains éminents membres de cette opposition comme l’UFC (Union des forces du changement de l’opposant historique Gilchrist Olympio), ont choisi, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, de travailler, main dans la main, avec la majorité présidentielle, tout en conservant leur spécificité de parti d’opposition.
L’opposition radicale composée de 14 partis doit changer ses méthodes. Ce n’est sans doute pas de cette manière qu’elle aura une chance d’assurer l’alternance à la tête du Togo où le parti présidé de main de maître par Faure Gnassingbé fait du sans faute (sur notre photo le président rencontre le leader de la coalition des 14 partis Jean Pierre Fabre en mars 2014 à Lomé). On n’a pas besoin de faire la deuxième année de la faculté de droit de l’Université de Kara pour savoir que l’UNIR aura pléthore de députés dans la prochaine assemblée nationale. Pour exister (à l’international), la coalition de l’opposition entamera alors sa chanson préférée : « il y a eu des fraudes massives ! ». Heureusement qu’au Togo de Faure Gnassingbé, le chien aboie la caravane passe !