L’écrivain marocain Moumen Diouri, bénéficie aujourd’hui d’un passeport marocain qui lui permet de regagne son pays natal, le Maroc. Cela a été possible grâce à l’appui personnel du roi Mohamed VI. Que s’est-il passé ?

Le 20 juin 1991, l’opposant marocain Moumen Diouri, réfugié en France depuis de nombreuses années, était expulsé dans un pays d’Afrique noire en urgence absolue par le ministre de l’Intérieur, M. Marchand, en fait sur un ordre donné au plus haut niveau de l’Etat. C’est à la requête du ministre de l’Intérieur marocain Driss Basri, dépêché auprès des autorités françaises par le roi Hassan 2, que fut prise cette décision d’expulsion en prévision de la parution prochaine du livre de Diouri « A qui appartient le Maroc ? » aux éditions l’Harmattan, qui mettait à nu, encore plus que ne l’avait fait Gilles Perrault avec « Notre ami le roi », un régime totalitaire, policier, où se pratiquaient à nos portes, les disparitions, la torture, le racket, la mise en coupe réglée de tout un pays, selon Diouri.

L’homme-lige du roi Hassan 2, Driss Basri, venait tout simplement menacer le gouvernement de la rupture possible des relations diplomatiques franco-marocaines si ce livre paraissait. D’où « l’urgence absolue » de l’expulsion de Diouri et la prise de décision « au plus haut niveau de l’Etat ».

Il ne fallut pas moins de l’intervention du Tribunal administratif de Paris, suivie de celle du Conseil d’Etat pour casser la décision du ministre de l’Intérieur et ramener Diouri en France du pays d’Afrique où il était séquestré dans l’attente de son transfert au Maroc. En plus des réactions des autorités administratives, c’est la presse française dans sa grande majorité, appuyée sur son opinion publique révoltée, qui a sauvé l’honneur de la France et sans doute aussi la tête de l’écrivain marocain.