Une équipe de magistrats européens est arrivée, lundi, 16 janvier 2023, au Liban, pour enquêter sur les allégations de malversations financières visant Riad Salamé, l’actuel gouverneur de la Banque centrale libanaise.
En fonction depuis trois décennies, Riad Salamé (notre photo) est soupçonné d’avoir organisé le transfert de la copieuse somme de 330 millions de dollars vers Forry Associates, une société créée par son frère, Raja Salamé, dans les Iles Vierges dans le cadre de contrats fictifs entre 2002 et 2015.
Une fois l’argent viré sur le compte bancaire suisse de ladite société, il transitait via d’autres comptes ouverts dans plusieurs institutions financières d’Europe, pour au final, servir comme instrument de placement dans les portefeuilles d’actifs détenus par les deux frères.
Raja Salamé, qui était le principal récipiendaire desdits fonds, a vu son compte bancaire accumuler jusqu’à 204 millions de dollars au cours de la période 2002-2016. Riad Salamé, le patron de la Banque du Liban, ne recevant que 26,9 millions de dollars, 9,2 millions d’euros, et 5,3 millions de francs suisses, certainement, pour ne pas attirer l’attention.
Invité à expliquer l’origine de sa richesse, Riad Salamé fait valoir son passé de banquier à Merrill Lynch, l’entité en charge des opérations d’investissement et de gestion de patrimoine chez le géant bancaire américain, Bank of America. Il prétend servir de bouc émissaire à cause de la crise financière, qui touche le Liban depuis 2019.
Bien que les frères Salamé soient vus comme des protagonistes clés, d’autres personnes pourraient, également, être épinglées par les autorités judiciaires libanaises. En effet, les magistrats locaux cherchent, parallèlement, à déterminer le rôle qu’ont joué les banques dans la crise, qui paralyse le système bancaire libanais depuis 3 ans.
Riad Salamé, qui bénéficie du soutien d’hommes politiques influents, tels que Nabih Berri, le président du Parlement libanais, également, en poste depuis des décennies, a vu son patrimoine en Europe, ainsi que, celui de son frère, Raja, estimé à 130 millions de dollars être saisi. Une plainte devrait, prochainement, leur être servie.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University- Washington DC)