Une première surprenante et très prometteuse pour l’avenir : dans un contexte de fortes tensions entre les deux pays, l’Algérie a remis une invitation au roi du Maroc, Mohammed VI, pour assister au sommet de la Ligue arabe prévu début novembre à Alger. Personne ne peut dire si le roi y assistera personnellement ou non. On pourra le dire avec certitude fin octobre d’autant plus que les susceptibilités couvrent trop les rapports entre les deux pays.

L’Algérie compte-t-elle enterrer la hache de guerre avec le Maroc ? Un émissaire du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a remis, mardi, 27 septembre, à Rabat, une lettre d’invitation au roi du Maroc, Mohammed VI, pour assister au Sommet de la Ligue arabe prévu, début novembre, à Alger, dans un climat de fortes tensions entre les deux rivaux du Maghreb sur la question du Sahara occidental.

Le ministre algérien de la Justice, Abderrachid Tabi, « a remis la lettre d’invitation adressée à Sa Majesté le roi Mohammed VI (…) pour assister aux travaux du sommet arabe, prévu les 1^er et 2 novembre 2022 en Algérie », selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.

Sur instruction du souverain alaouite, Abderrachid Tabi a été reçu, en personne, par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita à qui il a transmis l’invitation officiellement du roi (notre photo). Mais chose curieuse, le ministre, Abderrachid Tabi, a décliné l’invitation de Nasser Bourita qui avait souhaité partager un repas fraternel avec lui. Pour certains observateurs, pour éviter les qu’en dira-t-on, l’Algérie veut juste évacuer les critiques qu’on formulerait à son endroit de n’avoir pas invité le roi du Maroc, en lui faisant parvenir cette invitation. Mais, il ne s’agit pas d’un réel début de rapprochement. Car s’il s’agissait, réellement, d’un vrai geste de dégel, on ne voit pas pourquoi l’envoyé spécial marocain aurait refusé de déjeuner avec son homologue marocain.

La partie marocaine n’a toutefois pas divulgué qui représenterait le royaume chérifien à ce sommet de la Ligue arabe à Alger. A ce stade des échanges entre les deux pays, le Maroc n’a pas, encore, confirmé la participation du roi du Maroc comme certains organes de presse l’ont, hâtivement, annoncé, comme pour forcer la main de Sa Majesté Le Roi (Que Dieu L’assiste). Le différend entre les deux pays est sérieux pour être occulté par une simple invitation à un sommet. Qui nous dit que les Marocains, une fois à Alger, n’accuseront pas les Algériens de polluer l’air que respire le roi ?

Les relations entre les deux pays sont au plus bas. En effet, l’Algérie a rompu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d' »actes hostiles ». Une décision qualifiée de « complètement injustifiée » par Rabat. En juillet dernier, Mohammed VI a réitéré une main tendue à l’Algérie, en aspirant « à œuvrer avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler main dans la main à l’établissement de relations normales entre les deux pays ». Ca, ce sont les bonnes intentions (verbales) échangées par les deux pays.

Mais, sur le fond, tout dégel de la situation achoppe sur la question du territoire disputé du Sahara occidental. Le statut de cette ex-colonie espagnole oppose, depuis les années 1970, le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus, activement, par Alger.

Rabat, qui contrôle près de 80 % de ce territoire, en a fait sa cause nationale et prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté pour régler le conflit, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU. Le Polisario n’agit pas seul dans cette affaire. Il est fortement soutenu par l’Algérie qui abrite, d’ailleurs, sa base arrière y compris son gouvernement et son administration. Il s’agit donc d’un problème pas du tout simple à régler.