Les éditions, Max Milo, présentent « Emmanuel au Sahel », itinéraire d’une défaite, de la journaliste, Leslie Varenne, un ouvrage à paraître le 21 mai 2024.

Emmanuel Macron débarque pour la première fois en Afrique sur la base de Barkhane à Gao au Mali, le 14 mai 2017. Sa détermination est complète : « L ’opération Barkhane ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région et où la souveraineté pleine et entière des Etats du Sahel sera restaurée. Pas avant ». Déclaration d’un jeune premier, totalement, vierge quant à sa connaissance des dures et si compliquées réalités africaines. Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien (aujourd’hui décédé) qui est à ses côtés est aux anges. Il peut enfin s’appuyer sur quelqu’un de crédible .

Sept ans plus tard, les djihadistes sont de plus en plus nombreux, et l’armée française est obligée de quitter le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la queue entre les jambes. Ibrahim Boubacar Keita, lui, a été victime d’un coup d’état militaire à cause de sa gestion tâtillonne du djihadisme. Il n’est même plus de ce monde. Autant donc dire que c’est l’échec de la France sur toute la ligne. La honte ! Il n’y a pas un autre mot d’autant que le Tchad pourrait suivre… Ce n’est qu’une question d’années, peut-être, de mois. Les soldats américains présents au Tchad ne viennent-ils pas d’être priés de quitter leur base ? Le jeune président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, lui-même, dans le but de consolider son fragile pouvoir, ne peut plus compter sur la France, comme c’était le cas pour son père. Chose incroyable il n’y a pas longtemps : il a effectué une visite à Moscou, à l’invitation du président russe, Vladimir Poutine, en mars dernier. A-t-on besoin d’avoir fait Sc-Po Paris pour déviner le but de cette visite alors qu’on sait que Poutine ne sait vendre que les armes et la sécurité ? Voilà donc la France sur un siège éjectable au Tchad.

La débâcle française au Sahel n’est pas que militaire. C’est une déroute politique. Avec la fin de son influence en Afrique, la France a affaibli son armée, perdu ses alliés aux Nations-Unies et dit adieu à sa voix singulière sur la scène internationale. Chose gravissime : C’est le Rassemblement national et d’autres partis extrêmes qui commencent à être audibles auprès des Français qui se disent : on a essayé la droite, la gauche, et ça n’a pas marché, pourquoi ne pas donner sa chance à l’extrême-droite ? Et mine de rien, l’approche de cette dernière pourrait mieux convenir à l’Afrique où ne veut plus entendre parler de colonisation, ni de néocolonisation, encore moins de françafrique. L’extrême-droite, justement, combat ces concepts et demande, dans les discours, en attendant de la voir à l’oeuvre, que l’Afrique soit laissée aux Africains pour qu’ils restent en Afrique, et cessent de venir en France, en Europe. C’est une idée qui fait son chemin en Afrique.

Dans cet essai, Leslie Varenne retrace l’itinéraire d’Emmanuel Macron en Afrique depuis 2017. Elle raconte une longue suite de manque de stratégie, de vision, de méconnaissance des réalités africaines, d’approches technocratiques, d’erreurs, de contretemps, qui ont conduit à cette défaite. A cet inventaire, il faut ajouter le problème posé par la personnalité d’Emmanuel Macron et ses relations avec ses pairs.

Qui est l’autrice ? Leslie Varenne a été journaliste d’investigation pendant 20 ans. Spécialiste reconnue de l’Afrique, elle est l’autrice de Abobo-la-guerre, Côte d’Ivoire : Terrain de jeu de la France et de l’ONU, aux éditions Fayard en 2012.

Emmanuel au Sahel – Leslie Varenne, Ed. Max Milo, est à paraître le 21 mai 2024.