Depuis l’attaque meurtrière du 22 décembre 2023 commanditée par Red Tabara, un groupe armé hostile aux autorités de Bujumbura, le Burundi est sur le qui-vive. Surpris par le réveil soudain de ces rebelles restés inactifs pendant des années, le président, Evariste Ndayishimiye, a, rapidement, établi le lien avec les activités terroristes auxquelles se livre le M23 dans l’Est de la RD Congo, décidant, donc, de porter assistance à son homologue congolais, Félix Tshisekedi, en panne de solutions.
Cette décision résulte du fait que Red Tabara, qui vient d’ailleurs d’alourdir son bilan sordide en terre burundaise sur les deux derniers mois à près de 29 morts, y soit basé, au même titre que plusieurs autres groupes armés, qui empoisonnent le quotidien des Congolais. A cause de l’incapacité anticipée du chef de l’Etat congolais à éradiquer cette menace terroriste, Evariste Ndayishimiye a pris les devants en s’associant avec Cyril Ramaphosa pour ramener l’ordre chez le voisin congolais, d’où la rencontre entre les trois leaders à Addis-Abeba il y a environ deux semaines (notre photo).
En agissant de la sorte, le dirigeant burundais a pris ses responsabilités afin de garantir la sécurité de ses concitoyens, laquelle reste tributaire de l’évolution du conflit entre la RD Congo et le Rwanda. Car, en effet, si le président, Evariste Ndayishimiye, ne se limitait auparavant qu’à des actes de médiation entre ces deux membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), dont il assurait la présidence tournante jusqu’à récemment, l’escalade dudit conflit et, surtout, sa propagation vers le Burundi, l’obligent, désormais, à s’y impliquer directement.
Cette logique étant acquise, les contours diplomatiques devant être mis en place pour légaliser cette intervention militaire du Burundi en RD Congo n’ont fait que suivre, face à l’urgence du problème sécuritaire posé par les proxies de Paul Kagame, et le manque de répondant de Félix Tshisekedi, qui demandait justement à être réélu dans ce but précis. La démission du gouvernement congolais annoncée la semaine dernière a certainement été perçue comme un signe d’encouragement par les milices qui sévissent en RD Congo.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)