En déplacement, fin octobre, à Bujumbura, à l’occasion du 23ème Sommet du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, ne s’est pas éternisé en terre burundaise à cause de la situation énergétique prévalant sur la Grande Ile, et de l’exaspération de ses compatriotes face au traitement que leur inflige la société nationale d’eau et d’électricité (JIRAMA) depuis des mois.
En effet, ballottés entre les délestages, devenus quotidiens, et les pénuries d’eau, qui vont crescendo, les Malgaches ont perdu toute confiance en l’entreprise étatique. Du coup, leurs regards étaient tournés vers le Palais Iavoloha, dans l’attente qu’une solution express soit trouvée pour les soulager. C’est dans ce contexte que le chef de l’Etat a dû ordonner le démarrage de toutes les turbines à combustion du pays, mercredi, 30 octobre, avant de prendre l’avion pour le Burundi.
Bien que cette mesure d’urgence, qui va réduire la fréquence des coupures électriques en journée, coûte cher à l’Etat, Andry Rajoelina (sur notre photo à Bujumbura avec le président, Evariste Ndayishimiye) a pris ses responsabilités, dans l’unique souci d’adresser les préoccupations soulevées par ses concitoyens, ce qui permettra aussi de minimiser l’impact de cette crise sur l’économie nationale. C’était la meilleure des choses à faire, en attendant que des décisions soient prises pour améliorer la gouvernance au sein de la Jirama.
Toutefois, conscient du caractère provisoire de cette solution, le dirigeant malgache a initié des pourparlers avec des partenaires étrangers en vue de la construction d’une centrale solaire de 70 mégawatts. Cette initiative traduit son entière détermination à élargir l’offre électrique dans le pays, reflétée dans le projet de Loi de Finances 2025, qui sera bientôt débattu au Parlement et dont les investissements dans les énergies renouvelables figurent parmi les grandes priorités.
Avec la majorité absolue remportée pendant les élections législatives de juin dernier, le président, Rajoelina, ne devrait voir se dresser devant lui aucun obstacle à l’exécution de sa vision pour le mieux-être socioéconomique des Malgaches. Ne pouvant pas tout faire par lui-même, il a délégué des prérogatives à ses collaborateurs dont ceux de la Jirama, qui déçoivent malheureusement beaucoup, et, donc, qui ne devraient pas être surpris s’ils venaient à être démis de leurs fonctions.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)